La banque française BNP Paribas, l'une des plus grandes d'Europe, va prendre le contrôle du bancassureur en difficulté Fortis en Belgique et au Luxembourg pour environ 15 milliards d'euros, et verra en échange l'État belge devenir son principal actionnaire avec 11,7% du capital.

La banque française BNP Paribas, l'une des plus grandes d'Europe, va prendre le contrôle du bancassureur en difficulté Fortis en Belgique et au Luxembourg pour environ 15 milliards d'euros, et verra en échange l'État belge devenir son principal actionnaire avec 11,7% du capital.

Un accord en ce sens, qui rebat un peu plus les cartes dans le paysage bancaire européen suite à la crise financière, a été annoncé par les différentes parties dimanche soir à Bruxelles, à l'issue d'un week-end d'intenses négociations.

Aux termes du compromis, la première banque française va prendre 75% de la filiale bancaire belge du groupe Fortis, 25% restant dans le giron de l'État belge, qui conserve ainsi une minorité de blocage lui permettant d'avoir son mot à dire sur les décisions stratégiques, a annoncé le Premier ministre belge Yves Leterme lors d'une conférence de presse.

Concernant Fortis au Luxembourg, BNP Paribas va prendre 66% des parts, le gouvernement du Grand-Duché conservant pour sa part 33%.

Les activités néerlandaises de Fortis, un groupe confronté à des problèmes de liquidités suite à la crise financière, ont déjà été nationalisées cette semaine par le gouvernement des Pays-Bas.

BNP Paribas va financer l'opération en payant avec ses propres actions.

Du coup, la Belgique, qui voit sa part dans la filiale de Fortis dans le pays descendre de 49% à 25%, va se retrouver premier actionnaire de BNP Paribas, avec «autour de 11,7% du capital», a indiqué le directeur général du groupe français, Baudouin Prot à Bruxelles.

«L'État belge, avec plus de 11% du capital, deviendra le premier partenaire de notre groupe. Michel Pébereau (président du conseil d'administration de BNP Paribas, ndlr) vient de donner son accord pour qu'il y ait deux représentants de l'État belge au conseil d'administration» du groupe, a ajouté M. Prot.

Il n'a pas voulu préciser le montant de la transaction, mais au vu du cours en Bourse de BNP Paribas, il devrait tourner autour de 7,5 milliards d'euros.

La capitalisation boursière de BNP Paribas vendredi soir à la clôture de la Bourse de Paris était d'environ 65 milliards d'euros.

La banque française détiendra au final 75% des activités bancaires de Fortis Belgique et 100% de son activité dans l'assurance.

L'opération valorise l'ensemble des activités de Fortis en Belgique, au Luxembourg ainsi que dans quatre autres pays européens (Turquie, Pologne, Allemagne, France), autour de 15 milliards d'euros, selon la banque.

Pour tenter de sortir l'ex-groupe Fortis de l'ornière, il a été décidé de créer une structure séparée, une holding, dans laquelle seront transférés les actifs les plus douteux dans lesquels le groupe avait investi, a expliqué M. Prot. Ces actifs --les «produits structurés»-- sont pour beaucoup dans la crise de défiance dont il a fait l'objet.

Le gouvernement luxembourgeois va aussi devenir actionnaire du groupe français. Il verra sa part dans Fortis Luxembourg descendre de 49% à 33%, et détiendra une participation de 1,1% dans le groupe financier français, a précisé le responsable du groupe français.

Dans cette transaction, BNP-Paribas apporte la solidité d'une banque de premier plan peu touchée jusqu'ici par la crise des mauvais crédits hypothécaires américains, tandis que les États mettent dans la corbeille les garanties prises vis-à-vis des employés et des clients de Fortis.

L'adossement de Fortis à l'un des plus grands groupes financiers européens est le dernier épisode en date du démantèlement du bancassureur belgo-néerlandais.

Les tractations du week-end ont suivi l'annonce vendredi par le gouvernement néerlandais de la nationalisation de l'essentiel des activités néerlandaises du groupe - y compris le «fleuron» que représentent les actifs d'ABN Amro - pour 16,8 milliards d'euros.

Cette reprise de contrôle néerlandaise avait laissé Fortis Belgique et Fortis Luxembourg en position de faiblesse.