Le conglomérat financier américain Citigroup a annoncé avoir obtenu en référé de la justice new-yorkaise le gel de l'acquisition de Wachovia par sa concurrente Wells Fargo, plongeant le sort de la quatrième banque des Etats-Unis en plein brouillard juridique.

Le conglomérat financier américain Citigroup a annoncé avoir obtenu en référé de la justice new-yorkaise le gel de l'acquisition de Wachovia par sa concurrente Wells Fargo, plongeant le sort de la quatrième banque des Etats-Unis en plein brouillard juridique.

Le juge Charles Ramos de la Cour suprême de l'Etat de New York a décidé de prolonger «jusqu'à nouvel ordre» l'accord qui conférait à Citigroup, et à elle seule, l'exclusivité pour négocier avec Wachovia, selon un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche par Citigroup.

Citigroup, la troisième banque américaine gagne ainsi une première manche dans le bras de fer qui l'oppose à Wells Fargo, la cinquième, autour du sort de Wachovia. En fonction de l'issue du conflit, le paysage bancaire des Etats-Unis sera profondément et durablement modifié.

Vendredi, Wells Fargo avait annoncé la reprise de l'intégralité des activités de Wachovia, alors que cette dernière, sous la pression des autorités américaines qui craignaient sa possible faillite, avait accepté quatre jours plus plus tôt de céder ses activités bancaires à Citigroup.

Wachovia avait justifié sa volte-face par l'absence d'un accord définitif de fusion la liant à Citigroup et expliqué qu'une reprise par Wells Fargo serait meilleure pour ses actionnaires, pour ses salariés et pour l'Etat.

Wells Fargo propose en effet un prix plus élevé que Citigroup, souhaite reprendre l'intégralité du groupe (et non les seules activités bancaires) et ne demande rien à l'Etat (alors que Citigroup veut lui faire supporter les pertes sur le portefeuille repris allant au delà de 42 milliards de dollars).

«Citigroup peut toujours faire une offre supérieure», a souligné dimanche Wachovia, en estimant que l'offre de Wells Fargo restait «valide».

Pour Citigroup, l'annonce de Wachovia et de Wells est «une rupture claire» de l'accord d'exclusivité signé par Wachovia. Dès vendredi, elle avait avait menacé de faire jouer ses «droits légaux», qualifiés de «substantiels».

Le même jour, le président de Wells Fargo Richard Kovacevich s'était défendu sur la chaîne de télévision CNBC en affirmant que, «à sa connaissance», aucun accord écrit n'avait été conclu entre Wachovia et Citigroup.

«Nos avocats regardent tous les papiers et vont nous conseiller sur les démarches à entreprendre», avait-il alors indiqué.

Sa banque a assuré dimanche que «rien» dans le référé de la cour newyorkaise «n'affectait sa capacité» à mener à bien sa fusion avec Wachovia.

Citigroup a reconnu samedi soir que l'accord qui la liait avec Wachovia n'était pas tout à fait étanche du point de vue juridique: il s'agit d'un «accord de principe» («agreement-in-principle») et non d'un accord définitif de fusion, beaucoup plus solide à défendre devant les tribunaux.

Au moment de l'annonce de la transaction entre Wachovia et Wells Fargo, Citi «était en train de finaliser les accords nécessaires pour boucler sa reprise de Wachovia, qui est soutenue par la FDIC», l'organisme fédéral qui garantit les dépôts bancaires, s'est-elle défendu dans son communiqué.

Citigroup souligne également qu'elle a fourni des liquidités à Wachovia depuis que leur accord a été rendu public.

Elle se dit prête à poursuivre les négociations avec Wachovia sur la transaction déjà acceptée par les deux parties.

Dans sa décision, le juge Ramos demande à Citigroup et à Wachovia de se présenter devant lui le vendredi 10 octobre... Un délai très long dans une période de turbulences qui a vu des institutions financières centenaires s'écrouler en quelques jours comme des châteaux de cartes.