Les titres des banques européennes se repliaient nettement lundi matin, pénalisées par les difficultés de plusieurs acteurs du secteur en Europe et par les amendements apportés au plan initial de sauvetage des banques aux États-Unis.

Les titres des banques européennes se repliaient nettement lundi matin, pénalisées par les difficultés de plusieurs acteurs du secteur en Europe et par les amendements apportés au plan initial de sauvetage des banques aux États-Unis.

Vers 5h, heure de Montréal, BNP Paribas, Crédit Agricole, Dexia et Société Générale lâchaient respectivement 6,09%, 6,53%, 22,89% et 5,10% à Paris, tandis que Barclays et Royal Bank of Scotland perdaient 6,41% et 11,59% à Londres. Deutsche Bank cédait 6,93% à Francfort, UBS 6,67% à la Bourse suisse et Santander 2,75% à Madrid.

Après avoir laissé ces dernières semaines leurs rivales américaines occuper le devant de la scène, plusieurs banques européennes viennent d'illustrer l'extension mondiale de la crise des crédits hypothécaires à risque, dits «subprime».

Les gouvernements des trois États du Bénélux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) vont partiellement nationaliser le «bancassureur» belgo-néerlandais Fortis, et Londres fera de même avec la banque britannique Bradford & Bingley (B&B).

En Allemagne, la banque Hypo Real Estate a pour sa part décroché in extremis une ligne de crédit de «plusieurs milliards d'euros» auprès d'un consortium de banques allemandes qui lui permet d'éviter la faillite. Dexia, de son côté, s'apprêterait selon Le Figaro à lancer une augmentation de capital.

«L'arrivée des "pompiers" marque un soulagement mais on ne peut s'empêcher de se dire: "quel est le prochain sur la liste ?" Et quelle rentabilité future pour un secteur à ce point touché ?», s'interroge Pierre Chédeville, du Crédit Mutuel-CIC.

Selon lui, «la convalescence risque d'être longue» et le rebond des valeurs financières devrait être «limité» dans les mois qui viennent, même si les difficultés de plusieurs banques favorisent «la nécessaire accélération de la restructuration du secteur autour d'acteurs forts», dont l'espagnol Santander.

Par ailleurs, les analystes ont réservé un accueil mitigé à l'accord obtenu au Congrès américain sur le plan de sauvetage bancaire du secrétaire au Trésor Henry Paulson, désormais «trop restrictif pour être efficace», selon le courtier Aurel.

Les conditions de l'aide publique «se sont nettement durcies» et s'accompagnent de mesures destinées à «mettre fin aux excès en termes de parachutes dorés et de rémunération des dirigeants». Par ailleurs, «l'addition finale» de la crise sera supportée par les banques concernées, souligne Aurel.

«Au total, le Trésor ne signe pas un chèque en blanc aux banques et l'idée première d'apport de liquidité aux marchés obligataires est en partie compromise par les contreparties très négatives pour les actionnaires des banques», concluent les économistes d'Aurel.