Le géant du courtage, de la finance et des services d'investissement Merrill Lynch estime que le Canada pourrait se diriger vers une débâcle de ses secteurs de l'habitation et des prêts hypothécaires semblable à celle qui ébranle l'économie américaine actuellement.

Le géant du courtage, de la finance et des services d'investissement Merrill Lynch estime que le Canada pourrait se diriger vers une débâcle de ses secteurs de l'habitation et des prêts hypothécaires semblable à celle qui ébranle l'économie américaine actuellement.

Selon l'étude des économistes David Wolf et Carolyn Kwan, plusieurs ménages canadiens fonctionnent davantage au-delà de leurs possibilités financières que leurs vis-à-vis américains ou britanniques.

L'atteinte du point de non-retour qui entraînera la chute des marchés canadiens de l'habitation et du crédit n'est qu'une question de temps, affirment-ils.

Merrill Lynch Canada admet toutefois que son analyse est plus pessimiste que celles qui prévalent ces jours-ci.

Plusieurs autres économistes affirment en effet que les secteurs de l'habitation et des banques sont plus stables que ceux des États-Unis, qu'ils vont probablement afficher un ralentissement, mais qu'ils ne s'effondreront pas.

«Nous ne croyons pas qu'il y aura un effondrement semblable à celui que l'on peut observer aux États-Unis», a indiqué James Marple, économiste à la Banque TD, qui souligne que l'accessibilité au logement n'a pas connu un déclin comme ce fut le cas au sud de la frontière.

Selon lui, le marché immobilier canadien n'a pas connu, à travers le pays, le genre de saturation qui a mené à la correction massive que doivent subir les États-Unis.

Merrill Lynch, dont la société mère est l'une des plus grandes victimes de la crise financière américaine, croit malgré tout que les Canadiens doivent être prudents.

Le montant net des emprunts par foyer canadien correspondait à 6,3 pour cent du revenu disponible en 2007, une dette plus élevée que celle des foyers britanniques et près de celle enregistrée chez les Américains en 2005, juste avant l'éclatement de la crise hypothécaire.

«Ces données signifient que les ménages canadiens dépassent leurs moyens financiers autant que les États-Unis et que le Royaume-Uni l'ont fait, ce qui va à l'encontre du consensus actuel voulant que les prêteurs et emprunteurs canadiens aient fait preuve de plus de conservatisme durant ce cycle», peut-on lire dans le rapport de Merrill Lynch.

Le rapport souligne aussi que les prix des maisons sont maintenant en baisse et que le nombre de propriétés invendues connaît une hausse importante au Canada.

Les prêteurs canadiens ont toutefois accordé peu du type de prêts hypothécaires à risque qui ont mené à la crise américaine. Plusieurs analystes ajoutent également que les propriétés canadiennes ne sont généralement pas surévaluées, si l'on considère la force des économies régionales dans les provinces riches en ressources naturelles.

L'étude de Merrill Lynch Canada a trouvé écho dans la campagne électorale, le chef conservateur Stephen Harper ayant rejeté la possibilité que le Canada vive une crise de l'habitation similaire à celle des États-Unis.

«Je n'accepte pas cette conclusion, pas du tout. Nous avons vu (...) un marché de construction beaucoup plus fort au Canada qu'aux États-Unis. Nous n'avons pas du tout la même situation avec les hypothèques», a affirmé M. Harper lors d'un point de presse à Vancouver.

Selon lui, la consommation et les institutions financières canadiennes se portent également beaucoup mieux qu'aux États-Unis.