Les jeux sont déjà faits. Le Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine n'aura d'autre choix que de reconduire à 2% son taux directeur pour la deuxième fois d'affilée.

Les jeux sont déjà faits. Le Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine n'aura d'autre choix que de reconduire à 2% son taux directeur pour la deuxième fois d'affilée.

C'est en tout cas la gageure de la quasi-totalité des économistes financiers sondés par la firme Bloomberg.

Si les autorités monétaires américaines n'ont pas hésité à surprendre les marchés par des baisses de taux énergiques (325 centièmes en huit mois) pour tenter d'endiguer la crise financière qui affaiblit l'économie américaine depuis un an, elle dispose désormais de moins de munitions au moment où la conjoncture se corse.

Depuis la dernière réunion du Comité, les 24 et 25 juin, plusieurs événements sont venus renforcer les risques à la hausse sur l'inflation qui militent pour une hausse de taux. En juin, l'indice des prix à la consommation filait 5%.

Si beaucoup de cette poussée reste attribuable au prix de l'essence, les prix des produits industriels montent aussi. Cela place les fabricants devant une inconfortable alternative: refiler la facture à leurs clients au risque d'en perdre quelques-uns ou rogner sur des marges de profits qui rapetissent déjà depuis le début de l'année. Bridgestone a choisi d'augmenter le prix de ses pneus, tout comme les compagnies aériennes haussent leurs tarifs.

Des présidents régionaux de la Fed, qui font partie du Comité, ont exprimé publiquement leurs inquiétudes quant à la poussée des prix. Le 25 juin, Richard Fisher s'était opposé au statu quo. Il aurait souhaité une hausse. Depuis, ses collègues Charles Plosser et Gary Stern ont indiqué qu'ils penchent pour une hausse prochaine des taux. Joindraient-ils leur dissidence à celle attendue de M. Fisher que le président de la Fed Ben S. Bernanke devrait s'occuper en plus davantage de son leadership!

Cela reste toutefois peu probable, tant se sont aggravés les risques qui pèsent sur la croissance de l'économie américaine.

Vendredi encore, le département du Travail annonçait que l'économie avait supprimé des emplois pour le septième mois d'affilée en juillet, portant la saignée à 463 000 cette année.

Jeudi, le département du Commerce avait en outre annoncé une révision à la baisse de l'expansion de l'hiver et du printemps. Comme l'économie s'est contractée en fait au dernier trimestre de 2007, plusieurs économistes n'hésitent plus à dire que c'est à ce moment que l'économie est vraiment entrée en récession. Ils n'osent prédire quand elle pourra en sortir.

Pour compliquer le tout, malgré tous les efforts déployés par la Fed, la crise du système financier américain, déclenchée par son laxisme effréné dans l'octroi de prêts hypothécaires et par leur titrisation complexe et opaque, multiplie ses ravages. La semaine dernière, Washington a adopté une loi pour prévenir l'effondrement de Freddy Mac et de Fanny Mae, les deux principaux assureurs hypothécaires américains.

La Fed a annoncé de son côté qu'elle prolongeait au moins jusqu'au 30 janvier ses facilités extraordinaires lancées au printemps pour injecter des liquidités dans le système financier.

Le crédit-bail

Mais la crise s'étend néanmoins. La montée du prix de l'essence a plombé la popularité des véhicules énergivores, dont les ventes sont en chute libre. Les filiales de crédit-bail de leurs fabricants se retrouvent avec une masse de ces véhicules à l'échéance des baux, leurs locataires refusant de les acheter. Leurs prix sur le marché d'occasion piquent du nez ce qui signifie des radiations massives à venir.

Les institutions financières qui avaient financé l'achat de ces véhicules se retrouvent avec des créances plus élevées que la garantie du prêt et des véhicules sur les bras en plus des maisons saisies.

Pour éponger leurs pertes, les banques exigeront davantage des emprunteurs, ce qui stimule l'inflation, au moment où le consommateur et les entreprises ont besoin de souffler.

Joli casse-tête pour la Fed.