Benoît et Marie-Claude rêvent d'une retraite à 55 ans, dans une dizaine d'années. Mais d'autres priorités se posent en obstacles.

Benoît et Marie-Claude rêvent d'une retraite à 55 ans, dans une dizaine d'années. Mais d'autres priorités se posent en obstacles.

Leurs deux enfants de 10 et 13 ans ont besoin de coûteux traitements d'orthodontie, qui devraient totaliser 17 300$ au cours des quatre prochaines années. Leur assurance en remboursera 3350$.

Dans un peu plus de cinq ans, l'aînée pourrait entreprendre des études universitaires. Le cadet semble pour l'instant plus manuel.

«On suppose que l'un des deux se rendra à l'université», déclare Benoît. Le couple tient à en assumer les frais. «Si c'est les deux, aïe! , mais on va le faire!»

Benoît, âgé de 44 ans, touche un revenu de 75 000$ par année. Les augmentations prévues au cours des prochaines années porteront son salaire à 92 000$ en 2013.

Marie-Claude, qui vient d'aborder la quarantaine, gère à la maison une petite garderie, qui lui rapporte 22 500$ par année. Une fois soustraites les dépenses d'exploitation et les déductions pour l'utilisation du domicile, elle déclare un revenu de 5600$ avant impôt. Après impôt aussi, d'ailleurs.

Benoît et Marie-Claude doivent en outre rembourser pendant encore cinq ans l'emprunt RAP qu'ils ont tiré sur leurs comptes REER respectifs. Benoît y verse 711$ par année.

Pour sa part, Marie-Claude ajoute à ses revenus imposables les 395$ qu'elle devrait y consacrer chaque année. Elle a choisi cette avenue parce qu'elle ne paie aucun impôt sur son revenu, sous le seuil d'imposition.

«Cette façon de faire prive son conjoint de plus de 32% de ce montant puisqu'il ne peut le considérer dans le calcul de ses crédits d'impôts», observe toutefois Denis Bellemare, planificateur financier aux Services de gestion des avoirs, chez Desjardins.

Benoît verse dans le REER de sa conjointe 395$ par année, en compensation de la somme que Marie-Claude devrait rembourser en vertu du RAP. Ce sont les seules contributions du couple à leurs REER.

Enfin, les deux conjoints aimeraient conserver leur train de vie actuel, qui leur autorise un voyage chaque année. Ils estiment ainsi que leurs dépenses à la retraite se maintiendront à environ 45 000$, dans la mesure où leur hypothèque se trouvera alors acquittée. Il faudra donc en accélérer le remboursement, car il reste encore 18 ans à courir sur le prêt, dont le solde s'établit à 100 000$.

Illusoire? Peut-être pas: Benoît gère le budget familial très efficacement, ce qui a permis au couple de dégager depuis deux ans un surplus annuel d'environ 6000$. Et surtout, il bénéfice d'un excellent régime de retraite, qui lui procurerait à 55 ans une rente de 51 000$, réduite à 41 000$ quand la coordination avec la RRQ entrera en jeu à 65 ans.

Conciliation d'objectifs

Denis Bellemare pose ainsi le problème: «Peuvent-ils réaliser tous ces objectifs et s'offrir une retraite à 55 ans?» Il a lancé quatre scénarios pour vérifier ce qu'il en advenait.

Il utilise d'un taux d'inflation de 2% par année et il étale ses projections jusqu'à 90 ans. En raison de la composition des portefeuilles des deux conjoints, il retient pour leurs placements des rendements de 6,70%, «basés sur les indices historiques», précise-t-il.

Premier cas: les deux conjoints ne changent rien à leurs habitudes et prennent leur retraite à 55 ans. Les frais d'orthodontie seront payés comme prévus mais leurs revenus de retraite n'atteignent ainsi que 31 000$ après impôts, soit 69% de leur objectif de 45 000$.

En outre, ils n'accumulent rien pour les études de leurs enfants. Cependant, à ce régime, ils dégagent des surplus budgétaires de près de 14 000$ dans les années précédant leur retraite. Il y a mieux à faire

Deuxième scénario: ils augmentent leurs cotisations aux REER de 6500$ par année en moyenne. Ils portent ainsi leurs revenus de retraite après impôt à 34 000$. Encore insuffisant, mais le surplus budgétaire est toujours de 11 000$.

Troisième essai: cette fois, les prestations du régime de retraite de Benoît sont fractionnées à parts égales avec Marie-Claude, ce qui réduit la ponction fiscale.

De plus, on utilise à meilleur escient les sommes qui deviendront disponibles en 2011, une fois les traitements d'orthodontie terminés.

En 2011 et 2012, le couple peut ainsi donner un grand coup en versant 15 000$ par année au REER de Marie-Claude. Ces cotisations seront ensuite maintenues à une moyenne annuelle de 5300$ jusqu'à la retraite de Benoît.

Les 65 000$ ainsi cotisés procureraient près de 30 000$ en économies d'impôt d'ici la retraite.

Notre conseiller prévoit aussi une cotisation au Régime enregistré d'épargne d'études de 4000$ par enfant jusqu'à leur maturité, à entreprendre dès maintenant.

«S'ils attendent cinq ou six ans, il sera trop tard pour en profiter.» Cet effort, qui se terminera en 2013, procurerait à chaque enfant une somme de plus de 3600$ par année pendant sept ans.

Dès 2013 - le salaire de Benoît aura alors atteint son zénith de 92 000$ -, les conjoints pourront s'attaquer au remboursement accéléré de leur hypothèque. Un accroissement de 10 000$ par année leur permettrait alors d'acquitter le prêt en 2017, juste à temps pour la retraite.

Tous les objectifs sont ainsi atteints, à la notable exception des revenus de retraite, qui plafonnent à 38 400$, ou 85% des 45 000$ visés.

Dernière adaptation en un ultime scénario. Les retraites de Benoît et Marie-Claude sont retardés à 57 ans. Cette fois ça y est: le revenu de retraite après impôt atteint 44 560$, soit 99% de l'objectif.

Bonus par rapport aux objectifs initiaux: les deux enfants pourront profiter d'un REEE. Sait-on jamais