La Caisse de dépôt avait une bonne nouvelle à nous communiquer cette semaine.

La Caisse de dépôt avait une bonne nouvelle à nous communiquer cette semaine.

Crise de liquidités ou pas, l'argent des Québécois est en main sûre à la Caisse, est venue confirmer l'agence de notation américaine Standard & Poor's.

La Caisse décroche un score de AAA pour sa solidité financière. La Caisse obtient une telle évaluation depuis qu'elle est cotée par Standard & Poor's, en 2002.

Dans son rapport, l'agence vient surtout confirmer que la Caisse n'a aucun problème de liquidités, malgré la crise. Autrement dit, les retraités peuvent dormir sur les deux oreilles, leur chèque de rentes n'est pas en danger!

Devant une telle bonne nouvelle, la Caisse s'est empressée de publier un communiqué, lundi dernier. Le rapport de l'agence arrive vraiment au bon moment.

Depuis la mi-août, la Caisse est au coeur d'une crise de liquidités sans précédent. Essentiellement, les porteurs canadiens de 35 à 40 milliards de dollars de papier commercial non bancaire sont incapables de trouver une liquidité récurrente pour leurs titres.

La perturbation majeure de ce marché des placements à court terme a obligé la Caisse à s'entendre avec les acteurs du marché pour ne pas provoquer une vente de feu.

La mise en oeuvre de cette «Proposition de Montréal» est en cours.

Mais le communiqué de la Caisse ne dit pas tout. D'abord, il faut savoir que la cote AAA de l'institution n'est pas exceptionnelle. Tous les fonds de retraite canadiens semblables au Canada ont la même note (OMERS, etc.).

Ensuite, le communiqué ne mentionne toujours pas le degré d'exposition de la Caisse dans cette crise. Combien, au total, l'institution a-t-elle d'argent en jeu?

Dans son communiqué, la Caisse mentionne qu'elle avait emprunté 5,6 milliards de dollars sous forme de papier commercial et de billets à moyen terme au 31 décembre 2006. Or, ce n'est pas de ce côté du bilan que la crise sévit.

La crise ne touche pas les emprunts à court terme de la Caisse, mais les placements.

Le 17 septembre, La Presse Affaires dévoilait que la Caisse avait 13,6 milliards de dollars de placements en papier commercial non bancaire. L'institution aurait donc plus du tiers des 35-40 milliards de dollars en restructuration.

Le 18 septembre, le Financial Post parlait de 20 milliards de dollars. Depuis la publication de ces informations, La Presse Affaires a vérifié auprès de ses sources et nos chiffres sont solides.

Cela dit, il subsistera toujours un doute tant que la Caisse ne dévoilera pas son exposition. Le communiqué de la Caisse précise qu'elle fera le point au moment de la reddition de comptes annuelle...soit en février 2008.

Pourquoi ce mutisme à la Caisse? Qu'en est-il de la transparence promise par Henri-Paul Rousseau? Ne s'agit-il pas de l'argent des Québécois?

Certains croient que la Caisse ne veut pas ouvrir son jeu dans les négociations actuelles avec le reste des intervenants. Dévoiler qu'on a le plus à perdre dans une négociation n'est pas une bonne stratégie.

D'autres soutiennent que les fonds spéculatifs externes (Hedge Fund) pourraient menacer les placements de la Caisse en papier commercial s'ils connaissaient son exposition.

Les vraies raisons pourraient être tout autres. La restructuration du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) est d'une grande complexité. Les titres PCAA sont garantis par des groupes d'actifs (cartes de crédit, d'hypothèques, etc.).

Pour débloquer l'impasse, ces groupes d'actifs doivent être dégroupés. Autrement dit, c'est l'équivalent de détricoter un chandail de laine et de retrouver les moutons!

Quoi qu'il en soit, il faut s'attendre à des pertes. Certes, la Caisse n'a pas besoin de cet argent à court terme et n'est pas pressée de vendre. Mais pour dénouer l'impasse, elle doit négocier.

Et dans ce jeu de négociations, la Caisse devra donner si elle veut recevoir.

C'est d'autant plus vrai que dans certains cas, des banquiers étrangers n'ont pas intérêt à faire des concessions puisque leurs créances sont garanties en priorité.

Sommes-nous devant le talon d'Achille de Henri-Paul Rousseau?