La crise des liquidités liée au papier commercial adossé à des actifs (PCAA) a particulièrement frappé le Québec en raison de la plus grande tolérance des financiers montréalais à l'égard du risque.

La crise des liquidités liée au papier commercial adossé à des actifs (PCAA) a particulièrement frappé le Québec en raison de la plus grande tolérance des financiers montréalais à l'égard du risque.

C'est ce qu'avance Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques et ancien numéro deux de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

«Par rapport à celui de Toronto, le marché financier de Montréal est moins allergique au risque, plus ouvert aux produits nouveaux», a expliqué M. Nadeau au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne, mercredi.

La présence de la Bourse de Montréal, spécialisée dans les produits dérivés, n'est pas étrangère à cet engouement.

Il faut aussi dire que plusieurs entreprises québécoises font affaire avec la Banque Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]] et le Mouvement Desjardins, qui offraient toutes deux des placements comprenant du PCAA.

Plus tôt cette semaine, la Banque Nationale a annoncé qu'elle débourserait 2 G$ pour racheter tout le PCAA détenu dans ses fonds communs de placement et ses filiales.

«La Banque Nationale, qui n'est pas le leader dans le marché bancaire au Canada, essaie par l'innovation de faire sa place parmi cinq concurrents plus gros», souligne Michel Nadeau.

Mercredi, c'était au tour du voyagiste Transat A.T. [[|ticker sym='T.TRZ.A'|]] de révéler que près de la moitié de ses liquidités, soit 154,5 M$, était bloquée dans le marché du PCAA, que les investisseurs ont fui en masse il y a 10 jours à cause des craintes découlant de la crise hypothécaire américaine.

Les détenteurs de placements contenant du PCAA sont actuellement incapables d'encaisser leurs investissements, puisqu'il n'y a plus d'acheteurs pour les reprendre. Les PCAA sont garantis par des créances de cartes de crédit, des prêts-auto et des hypothèques, dont certaines à haut risque du marché américain.

La semaine dernière, la Caisse de dépôt et placement et un groupe de banques se sont entendues pour convertir le PCAA émis par des sociétés privées comme Coventree en obligations à long terme.

Réglementer?

La débandade actuelle ne commande toutefois pas de resserrement réglementaire, estime Michel Nadeau. Selon lui, le marché s'est généralement bien comporté face à la crise.

«On ne réglemente pas la confiance, dit-il. (...) Il y a bien des choses qui ont été réglementées et un moment donné, il y a eu un problème pareil.»

Il reste que les investisseurs devront retenir la leçon de la crise: ce n'est pas parce que des fiducies se voient attribuer une cote AAA de firmes de cotation comme DBRS qu'ils ne doivent pas évaluer eux-mêmes le risque.

Dans le cas du PCAA, le principal risque réside dans le fait de consolider des dettes à moyen terme dans des placements à court terme.

«Comme les taux à court terme étaient un peu plus bas que les taux à long terme, c'était possible de faire ça, mais il y avait un danger que les taux à court terme montent, affirme M. Nadeau. Je pense que désormais, avant d'acheter un produit où il n'y a pas d'appariement entre les échéances du fonds et la durée du papier commercial (trois ou six mois), les gens vont réfléchir.»