Le titre de BCE (T.BCE) a subi sa pire dégringolade en deux mois, mardi, alors que le processus qui entoure la vente de l'entreprise a sombré dans la confusion.

Le titre de BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]] a subi sa pire dégringolade en deux mois, mardi, alors que le processus qui entoure la vente de l'entreprise a sombré dans la confusion.

La journée a été ponctuée de rumeurs et de coups d'éclats pour ceux qui tentent de voir clair dans le feuilleton entourant l'avenir de l'ancienne BCE.

À la surprise générale, Telus [[|ticker sym='T.T'|]] a annoncé dans un communiqué laconique de deux phrases qu'elle renonçait à ses projets d'acquérir Bell, blâmant les «lacunes du processus de soumission». L'entreprise n'a pas voulu commenter davantage.

En fin de journée, la Caisse de dépôt et placement du Québec s'est aussi retirée, alors que la caisse de retraite ontarienne Omers annonçait au contraire qu'elle songeait à investir dans Bell... une fois la tempête entourant la vente terminée.

«Bizarre», «maladroit», «sans précédent»: les analystes n'ont pas été tendres envers le processus mis en branle par Bell pour étudier ses offres d'achat. Et le titre de Bell n'a pu résister à tous ces assauts, perdant 1,23$, ou 3%, pour clôturer à 39,49$.

«Vous connaissez ce jeu qui consiste à se coller le front sur un bâton de baseball, à tourner autour jusqu'à ce qu'on soit complètement étourdi, puis à partir en courant en vacillant? On dirait que tout le monde vient de jouer à ça aujourd'hui», a résumé un analyste torontois qui a requis l'anonymat.

Une autre rumeur a beaucoup fait jaser, mardi: celle voulant qu'il soit maintenant trop tard pour acheter la plus grande entreprise de télécommunications au pays.

Selon certains médias, la date butoir pour soumettre une offre était en effet mardi matin, 9h. Cette information n'avait jamais été dévoilée par Bell. L'entreprise a été incapable de clarifier les choses, mardi.

«Je n'ai aucun commentaire à faire à ce sujet», s'est contenté de répondre à La Presse Affaires Bill Fox, vice-président à la direction, communications et développement de l'entreprise, ne voulant ni confirmer, ni nier l'existence d'une date butoir.

Jusqu'à mardi, cinq groupes avaient démontré un intérêt pour Bell. On compte le concurrent Telus, ainsi qu'un consortium formé du Régime de pensions du Canada (RPC), de la Caisse de dépôt et placement du Québec, de la firme américaine KKR et d'Onex.

Les autres sont le tandem Teachers-Providence Equity Partners, le groupe dirigé par Cerberus Capital et la firme torontoise Catalyst Asset Management.

Qui reste en lice? Personne, mardi, ne le savait trop. Cerberus a en tout cas confirmé à La Presse Affaires qu'elle avait déposé une offre mardi matin.

«Selon ma compréhension, toute offre devait être déposée avant aujourd'hui», a indiqué Peter Duda, responsable des communications pour Cerberus. Teachers n'a pas voulu commenter quoi que ce soit ayant rapport à Bell Canada.

La fusion de Bell avec Telus, malgré les problèmes de monopole qu'elle risque de soulever, avait été jugée par plusieurs comme l'option la plus intéressante pour les actionnaires. Plusieurs, mardi, disaient croire que Telus ne fait que bluffer en disant vouloir se retirer.

«Telus est toujours intéressée par Bell -il s'agit d'un gros prix à gagner, a dit à La Presse Affaires Greg MacDonald, analyste à la Financière Banque Nationale. Je ne fais que supposer, mais à mon avis, il s'agit d'une façon de protester contre un échéancier trop serré. C'est une stratégie pour tenter de prolonger la date butoir.»

Selon l'analyste, les conseillers de Bell ne laissent pas assez de temps aux groupes pour détailler leur offre.

«Ce n'est pas le genre de chose qu'on fait en une nuit», dit-il. Il croit que pour faire monter les enchères, Bell a besoin que Telus reste dans la mêlée. Kevin Restivo, analyste au Seaboard Group, partage le même point de vue.

Chez Bell, on voyait la chose tout autrement. «Dans une transaction d'une complexité et d'une taille sans précédents au Canada, nous avons mis sur pied avec succès un processus véritablement concurrentiel. Il n'est pas surprenant qu'un parti cherchant son propre intérêt se plaigne parce que nous n'avons pas fait penché le processus dans aucune direction», a commenté Bill Fox.

Selon un analyste torontois, l'arrivée subite d'une date butoir n'est pas une coïncidence: elle vise à écarter Telus, qui vient tout juste de montrer son intérêt, en ne lui laissant pas suffisamment de temps pour préparer son offre.

«La seule raison logique est qu'ils ne veulent pas que Telus soit l'acheteur. Ces gens sont des rivaux de longue date. Il y a trois ans, Telus avait une fraction de la capitalisation boursière de BCE, et maintenant ils seraient sur le point de l'acheter», a-t-il dit.

«Est-ce que c'est ça qui se passe vraiment? C'est difficile à dire», a-t-il toutefois admis. Et il n'était pas le seul, mardi, à déplorer la confusion qui entoure le processus de vente. Le gestionnaire de portefeuilles Stephen Gauthier y voit carrément un manque de respect pour les actionnaires.

«Ce n'est pas normal que ça se fasse comme ça. Aux États-Unis, on ne verra pas des choses comme ça. On n'a très peu d'informations tangibles et les règles changent sans cesse. On parle tout de même d'une entreprise cotée en Bourse», s'est-il indigné.