Le numéro deux de l'aluminium, Alcoa (AA) lancera mardi une offre hostile afin d'acheter le numéro trois Alcan (T.AL) pour 73,25 $ US par action.

Le numéro deux de l'aluminium, Alcoa [[|ticker sym='AA'|]] lancera mardi une offre hostile afin d'acheter le numéro trois Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] pour 73,25 $ US par action.

Cela donnerait une transaction évaluée à 33 G$ US, se composant de 58,60 $ US comptant et 0,4108 action ordinaire d'Alcoa. Il s'agit donc d'une prime de 20% sur le cours de clôture de l'action d'Alcan le 4 mai.

À l'ouverture de la Bourse de Toronto lundi, le titre grimpait de 33% à 89,80 $.

La nouvelle compagnie serait première mondiale dans l'univers de l'aluminium, dépassant le nouveau géant russe unifié Rusal. Son chiffre d'affaires de 2006 aurait été de 54 G$ US avec un profit d'exploitation de 9,5 G$ US.

Une fusion Alcoa-Alcan aurait permis de produire 7,8 millions de tonnes d'aluminium l'an dernier, avec 188 000 employés dans 67 pays. Les économies annuelles seraient de l'ordre de 1 G$ US, la fusion faisant augmenter les profits de l'entreprise dès la première année.

Alcoa dit avoir voulu s'entendre avec Alcan avant de se présenter sur la place publique.

«Cette offre fait suite à près de deux années de pourparlers entre nos entreprises concernant diverses possibilités de regroupement, marquées notamment par l'échec de discussions au niveau des conseils d'administration au sujet d'une fusion l'automne dernier», affirme Alain Belda, PDG d'Alcoa.

«Nous sommes très déçus que nos discussions n'aient pas abouti à une opération négociée - une issue que nous aurions de loin préférée», ajoute M. Belda.

Alcan étudie l'offre

En réponse à l'offre d'Alcoa, la multinationale montréalaise a déclaré par voie de communiqué qu'elle allait étudier l'offre.

«Alcan, dit le communiqué, recommande à ses actionnaires d'attendre avant de prendre une décision quelconque que le conseil d'administration ait eu la possibilité d'examiner en profondeur l'offre attendue et de formuler une recommandation officielle sur le fondement de l'offre.»

Alcan américanisée ?

Se voulant rassurante à propos du siège social montréalais d'Alcan, Alcoa s'empresse de prendre une série d'engagements.

La société promet que Montréal partagerait le statut de siège social avec New York. La métropole québécoise s'accaparerait les responsabilités pour tous les produits primaires (bauxite, énergie, alumine et aluminium) de l'entreprise fusionnée.

De plus, Alcoa s'engage à prendre encore plus de place au Canada.

Elle propose de négocier avec le gouvernement du Québec pour lancer un programme d'investissement de 5 G$ US, soit deux fois et demi le montant annoncé par Alcan en décembre dernier. Ce serait aussi le plus gros programme d'investissement privé de l'histoire de la province.

«Le regroupement d'Alcoa et d'Alcan renforcera l'engagement déjà très important des deux entreprises envers le Canada, et fera en sorte que le Canada reste un leader mondial dans l'industrie des mines et des métaux», dit le PDG Alain Belda.

Des barrières à franchir

Il reste toutefois à voir si le projet de fusion franchira toutes les étapes nécessaires avant de se compléter.

Les autorités réglementaires du Canada, des États-Unis, de l'Union européenne, de l'Australie et du Brésil devront dire oui à la transaction. Aussi, Alcoa impose comme condition le dépôt des deux tiers des actions ordinaires d'Alcan d'ici la fin de son offre le 10 juillet.

Alain Belda affiche une confiance surprenante d'avoir gain de cause.

«Nous croyons que tout problème de concurrence occasionné par le regroupement d'Alcoa et d'Alcan peut être résolu par le dessaisissement d'actifs ciblés et par une collaboration proactive avec les organismes de réglementation, dit-il. Nous prévoyons agir rapidement pour régler ces questions afin de clore l'opération le plus vite possible.»