C'est confirmé: la multinationale Alcan (T.AL) investira 1,8 G$ US sur 10 ans au Saguenay-Lac-St-Jean, ce qui comprend un projet d'usine-pilote de 44 cuves au Complexe Jonquière et la création de milliers d'emplois.

C'est confirmé: la multinationale Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] investira 1,8 G$ US sur 10 ans au Saguenay-Lac-St-Jean, ce qui comprend un projet d'usine-pilote de 44 cuves au Complexe Jonquière et la création de milliers d'emplois.

Au départ, l'entreprise mise 550 M$ US sur les cuves de technologie AP50, le tout dernier cri en production d'aluminium et dont l'avenir et le développement résideront au Québec.

L'usine, que la compagnie qualifie d'avant-garde, pourra initialement produire 60 000 tonnes d'aluminium par année et elle sera «la plate-forme pour les générations futures de la technologie AP50».

Alcan entend faire augmenter la capacité de production basée sur l'AP50 à 450 000 tonnes par année et parle d'un total de 390 000 tonnes annuellement au Saguenay-Lac-St-Jean d'ici 2015.

Les études d'ingénierie à Jonquière vont commencer dans les prochaines semaines, la construction s'amorcera en 2008 avec une première production de métal prévue pour 2010. La source d'énergie sera l'hydroélectricité, jugée suffisamment propre et renouvelable pour mener à bien des projets de cette envergure.

Les conséquences économiques du plan de 10 ans sont déjà chiffrées: la création de 740 emplois hautement spécialisés ainsi que de 1200 à 1500 postes additionnels dans le domaine de la construction.

Le Québec ferait figure de pièce maîtresse pour la compagnie.

«Cet élément de la stratégie d'Alcan, élaboré de concert avec le gouvernement du Québec, fera de cette province la plaque tournante de l'industrie de l'aluminium en produisant des avantages durables pour la région ainsi que pour les actionnaires», déclare Richard Evans, PDG d'Alcan.

En effet, le gouvernement provincial allonge un soutien financier sous forme de prêts (400 M$ remboursables dans 30 ans), d'indicatifs fiscaux à la recherche et au développement ainsi qu'un bloc d'énergie de 225 megawatts.

À cela s'ajoutent le renouvellement à long terme des baux hydrauliques et de nouveaux contrats d'énergie visant à garantir un approvisionnement de 2600 megawatts à faible coût d'ici 2045.

En échange, la multinationale versera une redevance sur les ventes de sa nouvelle technologie.

Québec se garde quand même une porte de sortie afin d'annuler une partie ou la totalité des nouveaux droits si jamais un tiers réalisait une prise de contrôle d'Alcan ou si le siège social devait déménager.

Ottawa, de son côté, donnerait un coup de pouce par l'entremise de ses programmes d'encouragement à la R et D.

Le gouvernement Québec affirme que la stratégie visant à utiliser l'hydroélectricité pour développer l'économie commence déjà à avoir son effet.

«Notre partenariat avec Alcan illustre bien la pertinence et le potentiel économique de la nouvelle stratégie énergétique du Québec, dit le premier ministre Jean Charest. Nous entreprenons la poursuite au XXIe siècle de la grande histoire de l'aluminium, si intimement liée à cette région et au Québec tout entier.»

Décision attendue

L'investissement était attendu depuis plusieurs mois, alors que les tractations entre l'entreprise et ses syndiqués ont filtré dans les médias régionaux.

«L'annonce d'aujourd'hui résulte d'un travail acharné et du soutien du gouvernement du Québec et du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA)», indique Michel Jacques, grand patron de la division Alcan Métal primaire.

«La signature d'un contrat à long terme en juin par les TCA a créé les conditions gagnantes qui ont accéléré la concrétisation de ce projet à Jonquière», ajoute M. Jacques.

Alcan emploie déjà 8000 personnes au Québec. Seule ou avec des partenaires, elle a huit usines d'électrolyse et une capacité totale de 1,5 millions de tonnes en plus de ses autres installations, entre autres d'alumine et d'hydroélectricité.

Afin de faire l'annonce, Richard Evans et Jean Charest étaient flanqués d'une brochette de personnalités locales.

Parmi eux se trouvaient Jean-Pierre Blackburn, député fédéral de Jonquière-Alma et ministre de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec et Françoise Gauthier, députée provinciale de Jonquière et ministre du Tourisme.

Aussi, Raymond Bachand, ministre québécois du Développement économique, le maire de Saguenay, Jean Tremblay ainsi que des représentants syndicaux ont pris la tribune pour appuyer le projet.

Le marché semble bien avoir accueilli la nouvelle, faisant monter l'action d'Alcan de 2,5% à 58.08 $ jeudi après-midi à la Bourse de Toronto.