C'est la pire performance depuis que le Québec compile des données sur le sujet. Jamais le solde des échanges, soit la différence entre nos exportations et nos importations, n'aura été aussi négatif pour une période de trois mois.

C'est la pire performance depuis que le Québec compile des données sur le sujet. Jamais le solde des échanges, soit la différence entre nos exportations et nos importations, n'aura été aussi négatif pour une période de trois mois.

Du début juillet à la fin septembre, alors que le dollar canadien atteignait la parité avec le dollar américain, les Québécois ont importé pour 3,6 milliards de dollars de plus que ce les entreprises québécoises ont réussi à vendre sur les marchés étrangers.

«Ces données sont dans le plus négatif depuis 1991», date à laquelle le Québec a commencé à les calculer, confirme l'économiste Karine St-Pierre, chargée de compiler les statistiques en dollars courants à l'Institut de la statistique du Québec. L'ISQ a rendu publiques ces données cette semaine.

Selon les chiffres fournis par Mme St-Pierre, ce solde des échanges est négatif de 7,4 milliards depuis le début de l'année. Il est «dans le rouge depuis le troisième trimestre de 2004», explique-t-elle.

Si ce solde des échanges se détériore au troisième trimestre, ce n'est pas parce que les importations augmentent. En dollars courants non désaisonnalisés, elles sont en légère baisse.

C'est plutôt que les exportations internationales du Québec sont en net recul, à 16,6 milliards de dollars, une baisse de 8,5% par rapport au trimestre précédent.

Les exportations d'avions entiers avec moteurs se situent à 1,4 milliard, en baisse de 7% par rapport au deuxième trimestre. Et elles ne sont pas les seules à reculer.

Celles d'aluminium régressent également: elles atteignent près de 2 milliards, en baisse de 5,6%

À 465 millions, les expéditions de cuivre et de ses alliages enregistrent une diminution de 23,3% pendant les trois mois d'été.

Tous ces chiffres sont tirés des données douanières et à prendre avec de petites pincettes, notamment parce qu'une partie des exportations passant par les douanes du territoire québécois peuvent venir de l'Ontario ou d'ailleurs, comme les importations peuvent être aussi destinées à d'autres marchés.

Un portrait plus précis sera rendu public ce matin par l'Institut de la statistique avec la publication des comptes économiques.

Malgré ce bémol, l'économiste Hélène Bégin, du Mouvement Desjardins, s'attend aujourd'hui à «des chiffres assez faibles». «J'ai bien hâte de voir les chiffres», lance-t-elle.

Elle fait remarquer que les exportations vers les États-Unis sont en recul de 6,4% pour les neuf premiers mois de l'année.

«Ça commence à ressembler à ce qui s'est passé lors de la récession américaine de 2001. Mais on n'est pas encore rendu là», précise-t-elle.

Dans la mise à jour de son scénario de croissance économique publiée cette semaine, Desjardins met beaucoup l'accent sur la faiblesse des exportations québécoises et ontariennes.

«Les difficultés récentes du commerce extérieur au centre du pays s'apparentent maintenant à la pointe de l'iceberg. Elles pèseront encore lourdement sur la croissance économique au fil des prochains trimestres», écrivent les économistes de Desjardins.

Ils prévoient que la demande intérieure québécoise permettra de sauver la donne encore en 2008, même si la croissance devrait n'être que de 1,7%.

Tant les travaux d'infrastructures lancés par Québec que les baisses d'impôt au fédéral et au provincial donneront un peu d'oxygène à l'économie québécoise.