Ça ira de mal en pis pour l'industrie forestière du Québec, si l'on en croit Guy Chevrette.

Ça ira de mal en pis pour l'industrie forestière du Québec, si l'on en croit Guy Chevrette.

Si 2007 a été une année désastreuse, l'an 2008 sera encore plus catastrophique, a prédit le président-directeur général du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ), Guy Chevrette.

Les projections économiques pessimistes aux États-Unis laissent présager pour l'an prochain des milliers de pertes d'emplois supplémentaires dans les usines de sciage au Québec, a dit M. Chevrette, en conférence de presse vendredi à Québec, à quelques jours du Sommet sur l'avenir du secteur forestier.

«Si je me base sur les projections de 2008 que nous avons étudiées très sérieusement, je pense sincèrement que ça va être pire», a affirmé l'ancien ministre péquiste devenu porte-parole de l'industrie forestière.

De 20 000 emplois perdus en 2007, le bilan des mises à pied dans l'industrie forestière depuis le début de la tourmente il y a près de cinq ans va vraisemblablement dépasser les 30 000 à la fin de l'an prochain, pense le président du CIFQ.

S'il veut éviter que la saignée des emplois dégénère en «drames humains et sociaux» dans les communautés mono-industrielles, le gouvernement du Québec doit prestement adopter des mesures pour abaisser les coûts de production de l'industrie, a soutenu M. Chevrette.

Il faut un arsenal complet de mesures mais pas des subventions directes, a-t-il pris soin de préciser, rejetant la suggestion de la chef péquiste Pauline Marois de consacrer un point de taxe à la consommation pour amoindrir l'impact de la crise.

Détourner les recettes d'une taxe au profit de l'industrie serait fort mal perçu auprès du public, estime M. Chevrette.

«Déjà la perception du public est négative vis-à-vis de l'industrie forestière et elle le serait encore davantage si on allait chercher des subsides directs. Il y a bien d'autres moyens à nous donner pour nous rendre compétitifs. Que l'on nous offre les mêmes mesures qu'ailleurs, ou l'équivalent de ce qui se fait en Ontario», a-t-il argué.

Ce qui coûte «7 $ à 8 $» à l'industrie en Ontario, en coûte entre 12 $ et 15 $» au Québec, a illustré l'ex-député de Joliette.

Aussi, pour aider l'industrie à sortir du marasme, en réduisant au maximum les impacts sur les communautés le gouvernement doit de toute urgence assouplir le fardeau réglementaire, un «tataouinage qui coûte une fortune en gestion», selon M. Chevrette.

«Il y a 56 folies, des inventaires que nous sommes obligés de faire et pas un chat ne fait de vérification par la suite», s'est-il emporté, dénonçant la «paperasse et les contrôles inutiles» auxquels sont soumises les entreprises.

Bien silencieux jusqu'à présent, le gouvernement fédéral doit aussi soulager le fardeau de l'industrie, a fait valoir M. Chevrette. Après tout, il est le seul intervenant dans ce dossier «qui n'est pas cassé comme un clou», a-t-il imagé.

Le patron du CIFQ admet par ailleurs ne pas entretenir de grandes attentes en regard du Sommet sur l'avenir du secteur forestier, qui se déroulera sur trois jours la semaine prochaine à Québec.

«Je ne pense que nous allons régler le sort du monde», a dit M. Chevrette au sujet de ce forum qui réunira l'industrie, les syndicats, des militants écologistes et des chercheurs.

Le président directeur-général redoute que le forum se transforme en tribune pour tous les groupes opposés à l'exploitation forestière.