Les manufacturiers québécois se réjouissent de la baisse des taux d'intérêt et de la glissade du dollar canadien. Ce n'est cependant pas encore l'euphorie.

Les manufacturiers québécois se réjouissent de la baisse des taux d'intérêt et de la glissade du dollar canadien. Ce n'est cependant pas encore l'euphorie.

«Nous ne sommes pas encore sortis du bois, a lancé le président-directeur général des Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), Jean-Luc Trahan, en entrevue téléphonique. Ce n'est pas parce que le dollar est à 99 cents que tous nos problèmes sont réglés. Les coûts de l'énergie sont toujours aussi élevés, la concurrence mondiale est toujours aussi forte.»

M. Trahan a rappelé que son organisation réclamait depuis longtemps une diminution des taux d'intérêt. La décision de la Banque du Canada constitue donc une bonne nouvelle.

Tout comme la descente rapide du huard. La devise canadienne a récemment atteint le niveau historique de 1,10 dollar, mais il a perdu de l'altitude et a clôturé mardi à 98,78 cents US. M. Trahan a toutefois rappelé qu'en mars dernier, le huard se situait autour des 85 cents US.

«Chaque augmentation d'un cent représente 400 millions de dollars de manque à gagner pour les manufacturiers, a-t-il affirmé. Entre 85 cents et 99 cents, il y a tout de même passablement de millions de manque à gagner qu'il faut compenser par une hausse de productivité.»

Il s'est montré encouragé par l'attitude des gouvernements. Il a notamment salué le plan d'action présenté par le gouvernement québécois il y a deux semaines.

«Le gouvernement fédéral a déjà annoncé qu'il allait faire quelque chose au niveau d'une réduction des taxes pour les entreprises, mais nous espérons qu'il fera quelque chose à court terme pour aider les entreprises manufacturières à passer à travers cette période-là et à s'adapter.»

Le Conseil québécois du commerce de détail se réjouit également de la baisse des taux d'intérêts, même s'il ne s'agit que d'une mince diminution d'un quart de point.

«Cette diminution n'entraînera pas une hausse fulgurante de la consommation, mais si on conjugue cela à la baisse de la taxe sur les produits et services le 1er janvier prochain, elle pourrait avoir un effet sur les achats importants, comme les voitures, les électroménagers et les autres gros items de consommation», a soutenu le président du conseil, Gaston Lafleur.

L'envol rapide du huard, ces dernières semaines, a mis en lumière l'importante différence de prix entre les produits au Canada et aux États-Unis.

Selon M. Lafleur, la plupart des détaillants d'ici paient la marchandise en dollars canadiens. Ce serait donc les importateurs qui auraient bénéficié de la remontée rapide du dollar canadien.

La situation a également montré que certains grands manufacturiers avaient une politique de prix différents selon les pays.

«Ça nous interpelle beaucoup parce qu'en tant que détaillants, notre objectif, c'est d'offrir les meilleurs prix à nos consommateurs.»

Il a soutenu que le repli du huard ne fera pas disparaître cette prise de conscience.

Le directeur général d'Option consommateurs, Michel Arnold, a cependant dit craindre que la baisse de la devise canadienne ne fournisse une excuse supplémentaire aux détaillants qui tardent à diminuer les prix pour les ramener à un niveau semblable à ce qui se passe aux États-Unis.

Quant à la baisse des taux d'intérêts, il a fait observer qu'il pouvait s'agir d'une arme à deux tranchants.

«Il faut toujours être prudent, il ne faut pas que le consommateur s'emballe et s'endette outre mesure», a-t-il déclaré.