Chiamaka Chukwurah pleure et prie beaucoup avec les propriétaires en détresse qui viennent la voir. Mais surtout, elle sort toutes les astuces comptables possibles pour les aider à réaliser leur souhait le plus cher: ne pas perdre leur maison.

Chiamaka Chukwurah pleure et prie beaucoup avec les propriétaires en détresse qui viennent la voir. Mais surtout, elle sort toutes les astuces comptables possibles pour les aider à réaliser leur souhait le plus cher: ne pas perdre leur maison.

La femme de 54 ans, comptable de formation et évangéliste à ses heures, a lancé en 2003 le Life and Learning Center, à Miami Gardens, une banlieue où la population est à 95% noire et hispanique. Son organisme offre des cours pratiques aux premiers acheteurs, et de l'assistance à ceux qui ne peuvent plus payer leur hypothèque.

Les signes précurseurs de la crise immobilière actuelle, Mme Chukwurah les a vécus sur la première ligne l'an dernier. "Entre juillet et décembre 2006, les gens en défaut de paiement de leur hypothèque ont accaparé toutes les cases de mon agenda. J'étais inondée, je ne pouvais même plus donner mes cours!"

La conseillère blâme les taux d'intérêt variables et les autres produits hypothécaires du genre pour le "fiasco" actuel. Plusieurs acheteurs ont été mal informés au moment de signer, dit-elle. Par leur propre faute ou par celle de courtiers peu scrupuleux.

Au-dessus des moyens

"La plupart des gens que je vois n'ont aucune idée de ce qui se passe, dit-elle. Ils se font vendre des maisons qu'ils ne peuvent pas se permettre. Tout ce qu'ils veulent, c'est d'avoir une maison. Ils ne comprennent rien aux taux variables. Dans leur esprit, tout ce qu'ils se disent, c'est: j'ai une maison!"

Plutôt que de se cacher et de jeter à la poubelle les lettres de la banque, les proprios à court d'argent devraient rencontrer leur banquier dans les meilleurs délais, souligne Mme Chukwurah. Avec la quantité de mauvaises hypothèques qui explose, les institutions sont plus que jamais ouvertes à prendre des ententes spéciales avec leurs clients.

Malgré tous les conseils prodigués par des organismes comme le Life and Learning Center, bien des gens n'auront d'autre choix que de dire adieu à leur maison.

De plus en plus de proprios tentent cependant d'éviter la saisie par la banque -ainsi qu'un tache énorme sur leur dossier de crédit. Ils embauchent un agent immobilier qui fera une "vente à découvert" de la maison. En gros, la propriété est vendue pour moins que le solde de l'hypothèque, et la banque accepte d'éponger une perte.

Le prêteur s'évite ainsi bien des soucis, dit Victoria Blinster, propriétaire de l'agence Rapid Realty, fondée il y a trois mois et spécialisée dans ce type de ventes. "Ça devient une situation gagnant-gagnant: la banque se débarrasse d'un actif improductif, et le vendeur s'en tire sans plus rien devoir à la banque."

Les ventes à découvert ne sont toutefois pas toujours possibles: certaines banques préfèrent prendre en main tout le processus elles-mêmes.