Plusieurs meneurs socio-économiques de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent auraient souhaité que le président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Henri-Paul Rousseau, montre un peu plus d'empathie pour le sort des régions-ressources et celui de l'industrie forestière, lors de son passage à Rimouski mardi.

Plusieurs meneurs socio-économiques de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent auraient souhaité que le président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Henri-Paul Rousseau, montre un peu plus d'empathie pour le sort des régions-ressources et celui de l'industrie forestière, lors de son passage à Rimouski mardi.

M. Rousseau a indiqué qu'il ne faut pas compter sur les interventions de son organisme pour contribuer directement à sauver les économies régionales et l'industrie forestière. Ce n'est pas le rôle de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), insiste-t-il.

Le préfet de la MRC de Rimouski-Neigette, Gilbert Pigeon, croit qu'il aurait pu montrer plus «d'ouverture» en parlant de prêts à long terme à l'industrie forestière au lieu de subventions.

«C'est comme s'il y avait une crainte d'investir dans ce secteur et de perdre de l'argent. Il devrait y avoir moyen de faire des prêts à long terme pour tenir en vie cette industrie mais pas avec des subventions ou de l'aide. Toutes les régions-ressources sont confrontées à cette situation au Québec. Peut-être que la question l'a surpris», dit M. Pigeon, qui a entendu le discours de M. Rousseau.

Concertation

Au Syndicat des producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent, le président Jean-Maurice Lechasseur souhaite plutôt que la Caisse agisse de concert avec d'autres institutions comme Investissement Québec et la Société générale de financement.

«Je serais porté à dire que Henri-Paul Rousseau n'a pas nécéssairement tort, surtout quand l'industrie est en complète restructuration. Ce n'est pas simple. C'est sûr que l'État a un rôle majeur à jouer et il y a quelque chose à faire ensemble au lieu d'agir isolément parce que chasun a peur d'investir à fonds perdus. Mais il ne faut pas entretenir de façon artificielle cette industrie», dit M. Lechasseur.

En Gaspésie, l'historien et analyste Jean-Marie Thibeault et le comptable agréé Alphonse Bernard réagissent fort différemment.

Un rappel

«Le discours de M. Rousseau m'a fait penser à ce qu'avait dit André Bérard (ex-président de la Banque Nationale, en 1995) à propos de la possibilité de fermer des régions. Au moins, Bérard était dans le secteur privé. Mais l'argent de la Caisse de dépôt, c'est mon argent. Il faut aller lire la mission de la Caisse pour constater qu'elle va au-delà de simplement faire fructifier l'argent qui paiera les pensions des Québécois», aborde M. Thibeault.

«Oui, la Caisse a pour mission le rendement optimal des déposants mais il est aussi écrit: tout en contribuant au développement économique du Québec . À ce que je sache, les régions font encore partie du Québec. Dans la philosophie de la Caisse, il est aussi mentionné qu'il doit y avoir diversification des placements tant par la taille des entreprises que dans la géographie. Même chose du côté des priorités, où il est écrit que la Caisse doit contribuer au développement économique du Québec. M. Rousseau gère ça comme une entreprise privée. Il parle du déclin démographique comme s'il s'agissait d'un problème à nous seuls, en région, alors qu'il s'agit d'un problème québécois, canadien, occidental», analyse l'historien.

En accord

Alphonse Bernard, de Carleton, a entendu la conférence et il est d'accord avec M. Rousseau. «Il gère le bas de laine et il faut s'assurer de pouvoir payer toutes ces pensions. Il a convaincu les gens qui étaient là. La Caisse n'est pas là pour ça (sauver l'industrie forestière et l'économie des régions (...). Il y a d'autres organismes pour ça, comme Investissement Québec et la SGF. Il ne manque pas d'argent. Il manque de bons projets», croit le comptable.