Pendant près de 400 ans, l'Europe a été le premier acheteur mondial de fourrures sauvages canadiennes. Mais, aujourd'hui, les trappeurs vendent davantage leurs précieuses captures en Chine et en Russie, pays à l'économie en plein essor.

Pendant près de 400 ans, l'Europe a été le premier acheteur mondial de fourrures sauvages canadiennes. Mais, aujourd'hui, les trappeurs vendent davantage leurs précieuses captures en Chine et en Russie, pays à l'économie en plein essor.

«Notre marché le plus important est sans l'ombre d'un doute la Russie et le deuxième la Chine», dit James Gibb, porte-parole de la Fur Harvesters Auction (FHA), une entreprise de North Bay, en Ontario, spécialisée dans les enchères de fourrure.

La Russie - avec les États-Unis, le Canada et la Scandinavie - est l'un des principaux producteurs mondiaux de fourrures sauvages.

Toutefois, l'offre ne suffit plus pour répondre à la demande en raison de la croissance vertigineuse de l'économie et des goûts de luxe des nouveaux riches.

D'où l'intérêt de se tourner vers le Canada, réputé pour la qualité de ses peaux de castor, lynx, martre, loutre, ours et autres.

Le scénario de la vente

Au Canada, les trappeurs vendent leurs prises à des agents qui viennent récolter sur place la fourrure ou envoient directement les peaux à des entreprises comme la FHA ou la NAFA (North American Fur Auctions) qui organisent des ventes aux enchères attirant des acheteurs du monde entier, mais de plus en plus en provenance de Russie.

«L'industrie de la fourrure fonctionne ainsi aujourd'hui: les peaux brutes sauvages sont achetées en Amérique du Nord, puis envoyées en Chine pour en faire des manteaux. Ces manteaux sont ensuite réexportés en partie en Amérique du Nord, mais surtout en Russie», explique à l'AFP M. Gibb.

Coût de la main-d'oeuvre

Au Canada, plusieurs entreprises ou artisans confectionnent des manteaux de fourrure sauvage, mais les coûts de la main-d'oeuvre y sont plus élevés qu'en Chine.

«La Chine est un grand acheteur de fourrures brutes du Canada (...) mais elle est aussi un grand compétiteur du point de vue de la fabrication des manteaux», remarque Alan Herscovici, président du Conseil canadien de la fourrure.

L'émergence de la Chine et de la Russie constitue un important changement dans l'histoire du commerce de la fourrure.

La fourrure a fait l'objet du premier commerce effectué par les Français avec les Autochtones lorsqu'ils se sont établis en permanence au Canada il y a 400 ans. Et les trappeurs européens ont exploré ces terres d'Amérique en quête de peaux.

Le marché de la fourrure sauvage ne progresse plus depuis la fin des années 80 en Occident en raison notamment des campagnes des défenseurs des animaux, mais l'Europe continue à jouir d'un prestige particulier grâce à ses maisons de haute couture.

Dans les défilés de Milan, la fourrure a la cote ces jours-ci, les couturiers ne dédaignant pas sculpter les pelages sauvages.

«Les centres de la mode en Europe, comme Paris et Milan, dictent les tendances de la mode et utilisent encore de la fourrure. S'ils ne le faisaient pas, la fourrure ne serait pas aussi prisée dans le reste du monde», estime Robert Cahill, président de l'Institut canadien de la fourrure, un organisme public.

Pour contrer l'influence des défenseurs des animaux et reconquérir le marché occidental, l'industrie canadienne de la fourrure sauvage vient de lancer une importante campagne de publicité sur «l'éco-fourrure».

«La fourrure sauvage a toujours été écologique (...). Si on veut réduire les gaz à effet de serre c'est une bonne idée d'acheter moins de fourrure synthétique (fabriquée à partir du pétrole) comme le proposent certains animalistes et d'acheter de la vraie fourrure», fait valoir M. Herscovici.