Malgré la crise financière internationale, le Mouvement Desjardins garde la confiance des institutions et des investisseurs européens.

Malgré la crise financière internationale, le Mouvement Desjardins garde la confiance des institutions et des investisseurs européens.

La Caisse centrale Desjardins, le trésorier du mouvement, a en effet procédé avec succès la semaine dernière à une importante émission de titres en Europe: 750 millions d'euros (1,1 milliards $), qui viendront combler ses besoins en liquidités après la crise du papier commercial.

Deux heures après le début de l'opération, au matin du 30 janvier, les commandes se chiffraient à plus de 1,3 milliards d'euros (1,92 milliards $), a-t-on appris.

«Cela montre que Desjardins demeure une excellente signature. Ils n'ont eu aucun mal à aller chercher de l'argent malgré la crise financière», note un expert.

Ce n'est pas la première fois, bien entendu, que le Mouvement Desjardins lance un emprunt sur le marché européen.

L'année dernière encore, sa caisse centrale avait procédé à la plus importante émission de titre de son histoire: un milliard d'euros (1,48 milliard $).

L'émission de la semaine dernière s'est cependant déroulée dans un contexte de défiance générale, sur fond de crise des «subprimes» aux États-Unis et de fraude au Crédit général.

«Il n'y a pas de problèmes de confiance sur le nom de Desjardins. Dans une période troublée, il apparaît comme une valeur sûre, comme la province de Québec d'ailleurs», a expliqué à Paris le porte-parole de la banque d'affaires Calyon, Bertrand Huguonet.

Filiale du Crédit agricole, Calyon (400 milliards $ d'actifs) a piloté cette émission avec deux autres coopératives financières, Natexis Banques Populaires (France) et DZ Bank AG (Allemagne).

«Nous entretenons des liens très étroits. Nous parlons le même langage», fait remarquer Bernard Vivès, le responsable du bureau canadien de la banque.

À la suggestion de Calyon, Jean-Guy Langelier, président et chef d'exploitation de la Caisse centrale et chef de la Trésorerie du Mouvement, avait effectué il y a deux semaines une tournée de quatre jours en Europe pour rencontrer les investisseurs et surmonter les éventuelles réticences des marchés.

Ce «road-show», comme on dit dans le milieu de la finance, l'a notamment conduit à Paris, Londres, Bruxelles et Francfort.

«Partout, la première question des investisseurs a porté sur l'exposition de Desjardins aux subprimes. Ils ont été rassurés en apprenant que c'était très marginal», a raconté M. Vivès, qui parle d'une «très belle opération».

Selon un analyste, cette émission aura montré que les investisseurs européens, dans un contexte très «perturbé», apprécient la prudence et les valeurs du mouvement coopératif, ainsi que ses objectifs de rentabilité à long terme.

«Les investisseurs sont tentés d'opter pour la prudence. Le milieu coopératif représente cette prudence», estime un responsable.

Un total de 198 investisseurs, français et allemands principalement, se sont partagé l'émission Desjardins.

La grande majorité des acquéreurs sont des institutions bancaires (128), les autres des sociétés de fonds (28) et des compagnies d'assurances (19).

Pour la première fois, le Caisse centrale Desjardins a émis des billets à taux fixe à court terme: 4,625% pour une échéance de 2 ans.