Ce n'est pas un hasard si plusieurs investisseurs de la région de Drummondville ont perdu des millions de dollars dans Jitec, une société informatique dont le président Benoît Laliberté était le président et principal actionnaire en 2000.

Ce n'est pas un hasard si plusieurs investisseurs de la région de Drummondville ont perdu des millions de dollars dans Jitec, une société informatique dont le président Benoît Laliberté était le président et principal actionnaire en 2000.

Laliberté y a tenu deux rencontres, le 4 octobre 2000, auxquelles assistaient des proches de Michel Roberge, l'oncle d'un des courtiers de Jitec, ainsi que des «gros bonnets» de l'endroit.

Pour sa part, le denturologue Jean-Yves Labrecque, de Drummondville, a laissé dans l'aventure 750 000 $, les économies de 25 ans de travail. Ses frères, ses soeurs, d'autres membres de sa famille et des amis ont également subi des pertes.

«Rien qu'à Drummondville, ça représente des pertes de millions de dollars. Il y a eu des pertes de maisons, des pertes d'emplois, des divorces», a déclaré M. Labrecque, qui témoignait mercredi au procès pénal intenté à Benoit Laliberté par l'Autorité des marchés financiers (AMF).

«Je n'en suis pas fier. Ça a entraîné des problèmes familiaux», a-t-il ajouté.

Lors de l'une des rencontres du 4 octobre qui s'est déroulée chez Michel Gaucher, manufacturier et distributeur de fourrures Lacasse, le témoin a indiqué que Laliberté a fait miroiter un contrat de 1,2 G$ et l'inscription prochaine du titre de Jitec à la Bourse de Toronto. L'action était déjà transigée à la Bourse de Montréal.

La stratégie avancée par Laliberté ce soir-là consistait à demander aux gens présents d'investir massivement dans Jitec afin de faire remonter le cours de l'action de l'entreprise. Selon Laliberté, il serait ainsi en mesure de dresser un portrait alléchant lors de la présentation visant à ce que Jitec soit cotée à la Bourse de Toronto.

Toujours selon le témoin Labreque, M. Laliberté se serait engagé à compenser les investisseurs à hauteur de 25% s'ils subissaient des pertes.

La force de persuasion de Laliberté était telle que même si l'action de Jitec avait perdu du terrain depuis que M. Labrecque avait investi dans l'entreprise, il ne demandait qu'à acheter davantage d'actions, a-t-il relaté à la juge Céline Lacerte-Lamontagne de la Cour du Québec.

Le même soir du 4 octobre 2000, M. Laliberté a rencontré un deuxième groupe composé «de gros bonnets» de Drummondville.

M. Labrecque a dit les avoir vu aller et venir dans la résidence de M. Gaucher, qu'il attendait dans son auto pour aller à la chasse au petit gibier. Cette sortie de soirée a finalement dû être annulée.

À un certain moment, M. Labrecque a recommencé à s'inquiéter. Il voyait que le titre de Jitec ne cessait de baisser. Il a fait part de ses inquiétudes au courtier Ali Bassiri, de la firme Leduc & associés, qui lui a dit : «sur la tête de mes enfants, le titre va exploser».

«J'ai fait encore un bon petit bout de chemin», a dit M. Labrecque.

À ce moment-là, l'action était rendue autour de 5 $, alors qu'il en avait acheté à 10 $ et 11 $. Quand l'action s'est retrouvée à 1,50 $ sur le marché, M. Bassiri lui en a offert à 1 $. M. Labrecque n'a pas précisé s'il en a acheté.