Le ministre des Finances, James Flaherty, encourage les consommateurs à utiliser leur nouveau pouvoir d'achat résultant de la hausse du dollar canadien par rapport à la devise américaine en magasinant pour trouver des aubaines et ainsi forcer les détaillants à réduire le prix de leurs marchandises.

Le ministre des Finances, James Flaherty, encourage les consommateurs à utiliser leur nouveau pouvoir d'achat résultant de la hausse du dollar canadien par rapport à la devise américaine en magasinant pour trouver des aubaines et ainsi forcer les détaillants à réduire le prix de leurs marchandises.

Mais à l'approche du temps des Fêtes, la période la plus rentable de l'année pour les commerçants, le ministre ne va pas jusqu'à inviter les Canadiens à faire leurs emplettes aux États-Unis pour obtenir des articles à meilleurs prix.

Le fisc canadien risquerait de perdre trop de revenus. «Nous voulons que les Canadiens dépensent leur argent ici au profit des entreprises canadiennes», a dit le ministre.

M. Flaherty a tenu ces propos mardi après avoir rencontré les membres du Conseil canadien du commerce au détail et des représentants d'importants détaillants afin de les encourager à abaisser leurs prix pour mieux refléter le pouvoir d'achat accru du dollar canadien.

À l'issue de cette rencontre, M. Flaherty a soutenu que le gouvernement fédéral ne pouvait faire grand-chose pour forcer les commerçants à diminuer leur prix, sinon que de les encourager à tenir compte de la réalité économique d'aujourd'hui.

«Mon message a été clair. Maintenant que le dollar canadien et le dollar américain sont à parité, je presse vivement les distributeurs, les grossistes et les détaillants du Canada de réduire dans les plus brefs délais les prix que paient les consommateurs canadiens. Cela prend du temps», a affirmé M. Flaherty durant un point de presse.

Des représentants des grands magasins comme Wal-Mart Canada, Hudson's Bay Co, Toys R' Us, Bureau en Gros ont aussi rencontré le ministre mardi.

Le hasard a voulu que le dollar a encore une fois pris de la valeur par rapport à la devise américaine, clôturant à 103,51 cents US.

Devant la grogne des consommateurs, les grands détaillants ont affirmé que les prix demeuraient plus élevés jusqu'ici parce que la marchandise a été achetée et payée il y a plusieurs mois, soit bien avant la montée fulgurante du dollar canadien.

Selon diverses études, les consommateurs canadiens paient jusqu'à 24% de plus que les compatriotes américains pour des produits comparables.

Le ministre Flaherty s'est même livré à un petit exercice en fin de semaine à Washington où il assistait à une réunion du Fond monétaire international. Il a acheté le dernier livre d'Harry Potter au coût de 29,74$US avant taxes.

Il a ensuite acheté la version canadienne du même livre à Ottawa quelques jours plus tard et il a dû débourser 36$ avant taxes. La différence entre les deux prix est de plus de 20%.

«Les Canadiens travaillent fort pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Ils méritent de payer un prix qui reflète la vigueur du dollar canadien lorsqu'ils font des achats. Il ne devrait pas y avoir des écarts imposants dans les prix sur des produits comparables tout simplement parce qu'ils sont vendus de l'autre côté de la frontière», a soutenu le ministre.

Mais de là à adopter des mesures coercitives, il y a un pas que le grand argentier du pays ne veut pas franchir.

Le ministre a soutenu qu'il est presque impossible d'atteindre la parité entre les prix pour des produits comparables compte tenu qu'il y a des coûts au Canada qui n'existent pas aux États-Unis comme des coûts de transport plus élevés, des coûts associés à la mise en marché comme la traduction des étiquettes ou encore les prix de courtage.

«Je comprends que les prix ne peuvent pas être réduits du jour au lendemain. Les prix canadiens et américains ne seront probablement jamais identiques.»

«Mais le dollar canadien est en hausse depuis plusieurs années et cela a donné une bonne période de temps pour faire les ajustements.»

«La bonne nouvelle, c'est que plusieurs détaillants ont commencé à réduire leurs prix. Il y a encore une marge de manoeuvre pour le faire davantage. Mais en tant que ministre des Finances, je ne peux qu'encourager l'industrie à laisser les forces du marché faire leur oeuvre. Et si les forces du marchés jouent, les prix devraient diminuer», a dit le ministre.

La présidente du Conseil canadien du commerce de détail, Diane Brisebois, a affirmé mardi que les consommateurs n'ont pas été floués par les détaillants.

«Les consommateurs ne se font pas avoir. Le défi, c'est de pouvoir vraiment travailler avec les fournisseurs et avec le gouvernement pour éliminer plusieurs taxes pour être plus compétitifs au Canada», a dit Mme Brisebois.

Le critique bloquiste en matière de finances, Paul Crête, a dénoncé le ministre Flaherty pour avoir convoqué une rencontre avec l'industrie et ensuite avoué son impuissance à faire diminuer les prix.

«C'est un pétard mouillé. Il nous dit qu'il ne peut rien faire et que ce sont les forces du marché qui vont jouer. (...) C'est un show de boucane. C'est la même chose qui s'est passé l'an passé avec les frais de guichet automatique», a dit le député.