Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, ferait fausse route en critiquant les détaillants qui n'abaissent pas le prix des produits importés malgré la vigueur du dollar canadien, selon les représentants du commerce de détail.

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, ferait fausse route en critiquant les détaillants qui n'abaissent pas le prix des produits importés malgré la vigueur du dollar canadien, selon les représentants du commerce de détail.

«Des telles critiques sont inacceptables de la part d'un ministre des Finances. Ils traduisent sa méconnaissance du fonctionnement des détaillants au Canada, où les prix de la presque totalité des produits importés sont dictés par des grossistes importateurs qui sont incontournables», affirme Diane Brisebois, présidente du Conseil canadien du commerce de détail, qui est basé à Toronto.

Rencontre avec le ministre

D'ailleurs, Mme Brisebois et des dirigeants d'une quinzaine de détaillants canadiens d'envergure rencontrent le ministre Flaherty plus tard aujourd'hui (mardi), à Ottawa.

Mais cette rencontre prévue de longue date a pris une tournure acrimonieuse ces derniers jours, au fil des critiques médiatisées du ministre Flaherty envers les détaillants.

Selon le ministre, les commerçants canadiens tarderaient trop à transmettre aux consommateurs la baisse de leurs coûts d'importation, provoquée par l'appréciation du dollar canadien face au dollar américain.

Entre-temps, des détaillants d'envergue, dont les chaînes de magasins de grande surface Zellers et Wal-Mart, ont lancé des campagnes de promotion pour vanter leurs «baisses de prix», basées sur le gain de pouvoir d'achat du dollar canadien pour des produits importés.

N'empêche, le ministre Flaherty a réitéré ses critiques contre les détaillants au cours du week-end, repris largement dans les médias anglophones.

Le ministre a promis entre autres de «maintenir la pression» sur les détaillants pour qu'ils abaissent leurs prix des produits importés.

Mauvaise cible

Selon la présidente du Conseil canadien du commerce de détail, toutefois, le ministre fédéral des Finances se trompe de cible et ternit inutilement la réputation des détaillants canadiens.

«Un nombre croissant de détaillants canadiens ressentent de plus en plus la pression concurrentielle des prix américains, et ils font tout ce qu'ils peuvent pour s'ajuster en conséquence et garder leur clientèle», selon Diane Brisebois.

«Mais c'est du côté des grossistes importateurs que ça résiste, surtout pour les produits de marques internationales. Ils imposent aux détaillants d'ici des prix de gros en dollars canadiens qui sont encore beaucoup plus élevés que ceux qu'ils exigent en dollars américains pour les mêmes produits, auprès des détaillants aux États-Unis», a expliqué Mme Brisebois.

Pour corriger cette situation, les détaillants canadiens multiplient les renégociations de contrats d'approvisionnement des produits importés.

Et dans certains cas, des détaillants useraient même d'ultimatums envers leurs grossistes importateurs: abaisser vos prix de gros ou nous réduisons votre présence en magasin.

«Ce sont surtout les plus gros détaillants qui ont le plus d'influence en ce sens, comparativement à ceux de moindre taille. Mais ce processus se généralise dans tout le commerce de détail, en dépit des critiques du ministre Flaherty», a soutenu Diane Brisebois.