«Ça balançait à la cenne» dans le système de gestion à l'interne chez Norbourg et tout semblait tourner rond.

«Ça balançait à la cenne» dans le système de gestion à l'interne chez Norbourg et tout semblait tourner rond.

C'est ce que croyait Michel Martin, ancien employé de Norbourg spécialisé dans l'administration de flux monétaires et de transactions au niveau des fonds communs. Du moins jusqu'aux perquisitions du 25 août 2005.

Dans son témoignage lundi matin au procès pénal de Vincent Lacroix, M. Martin expliquait qu'à son avis, le système informatique Octans, qui servait à gérer et concilier les valeurs appartenant aux investisseurs, fonctionnait à merveille jusqu'à la fin des activités.

«Ça balançait à la cenne», l'équipe informatique de Systèmes Financiers Nortek (appartenant à Vincent Lacroix) maîtrisait bien la situation avec un outil fiable et flexible. Le témoin croit même qu'il avait la capacité de réagir plus vite qu'une institution financière à la réalité du monde financier.

Michel Martin, qui a déjà travaillé au Trust général du Canada et ensuite au Trust Banque Nationale, est un habitué du travail d'administration en valeurs mobilières. Il a déjà travaillé à son propre compte et a eu Maxima Capital comme client alors que Vincent Lacroix y était courtier.

À l'automne 2002, il commençait à travailler chez Norbourg et en janvier 2003, il y devenait directeur des projets spéciaux. Sauf pour six mois de mise à pied en 2004, M. Martin a contribué à développer les services de soutien administratif (back-office) au sein du groupe de Vincent Lacroix.

Même s'il était convaincu que tout allait bien, Michel Martin s'est tiré pratiquement indemne du scandale Norbourg. Il a été mis en charge par l'administrateur provisoire (et ensuite liquidateur) Ernst & Young de diriger le travail de conciliation après août 2005. M. Martin devait donc comparer les chiffres du système à l'interne de Norbourg avec les données en provenance du gardien de valeurs Northern Trust.

De 10 $ à 3,5 cents

Recevant des disques compacts lui permettant de mettre en parallèle la valeur réelle de 27 portefeuilles de fonds communs avec les chiffres à l'interne, il a remarqué rapidement que 130 M$ manquaient dans les coffres chez Northern Trust. Seul un portefeuille balançait vraiment, les 26 autres ayant été faussés.

Ainsi, le 24 août 2005, l'employé de Norbourg calculait qu'une part du fonds Evolution Marché Monétaire valait 10 $ la part. Lors du travail de vérification des données après les saisies, il s'est aperçu que les parts de ce fonds valaient réellement 3,5 cents au 25 août.

Comment expliquer un écart de 15 M$ avec les 115 M$ de retraits irréguliers allégués par l'Autorité des marchés financiers et le juricomptable François Filion, qui a enquêté pour l'AMF ?

C'est une question de rendement, répond Michel Martin. Si les juricomptables ont établi leurs chiffres à partir de retraits anormaux, M. Martin tenait compte du rendement qui devait appartenir aux investisseurs.

C'est peut-être la division du travail chez Norbourg qui a empêché Michel Martin de découvrir ce qui s'y produisait. S'il était haut placé au sein du «back-office opération» où se passe la réception dl'argent et le transfert au nom des clients, il ne touchait pas au travail du «back-office gestion».

Ce «back-office gestion» relevait de David Simoneau (un cousin de Vincent Lacroix) et avait accès directement aux comptes chez le gardien de valeurs Northern Trust.

Plus tôt lors du procès, les témoins de l'AMF ont allégué que M. Simoneau était impliqué dans les retraits irréguliers. L'argent partait de Northern Trust et aboutissait dans des comptes bancaires chez Norbourg.