Vincent Lacroix n'a pas démontré qu'il n'a pas accès à de «l'argent caché», ses proches sont capables d'emprunter et le tribunal doit refuser qu'on lui paie un avocat pour son procès au pénal qui doit commencer au mois de mai.

Vincent Lacroix n'a pas démontré qu'il n'a pas accès à de «l'argent caché», ses proches sont capables d'emprunter et le tribunal doit refuser qu'on lui paie un avocat pour son procès au pénal qui doit commencer au mois de mai.

C'est ce qu'a plaidé lundi le procureur de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Me Éric Downs, lors de son plaidoyer devant le juge Claude Leblond, de la Cour supérieure du Québec.

M. Lacroix demande à la Cour d'ordonner au gouvernement du Québec de lui payer un avocat pour se défendre des 51 chefs d'accusation déposés contre lui à la suite du scandale Norbourg.

La première escarmouche entre Me Downs et M. Lacroix s'est terminée lundi, alors que le juge Leblond, qui entendra le procès de M. Lacroix, a indiqué qu'il remettra son jugement sur la demande d'aide financière le 14 mars prochain.

Me Downs et M. Lacroix se reverront le 5 mai quand commencera le procès où l'AMF entend faire témoigner une vingtaine de personnes et présenter une preuve documentaire abondante.

Durant des audiences qui se sont étendues sur les deux dernières semaines, M. Lacroix a tenté de démontrer qu'il est ruiné et qu'il n'est le bénéficiaire d'aucun de trois virements offshore totalisant 6,7 M$ qui ont été faits par Norbourg dans le passé.

Il a d'ailleurs remis en cour un document du syndic à la faillite de Norbourg, Gilles Robillard, indiquant que la plupart de l'argent est allé à d'autres personnes et indiquant que 2 M$ apparemment évaporés aux Bahamas ne semblent pas, à ce stade-ci de l'enquête, être entre les mains de M. Lacroix.

«Mais c'est lui qui avait le fardeau de la preuve de démontrer qu'il n'a pas touché ces 2 millions et il n'a pas prouvé qu'il ne les a pas», a dit Me Downs. Il a fait remarquer que la conjointe de M. Lacroix a fait des dépôts de 20 000 $ dans un seul compte bancaire depuis la faillite personnelle du fondateur de Norbourg.

Il a noté que le couple était prêt à s'engager à des mensualités hypothécaires de 23 000 $, un montant n'ayant pas de sens «à moins d'avoir un bas de laine aux Bahamas».

Évoquant des «actifs dissimulés», Me Downs a décrit le mystérieux transfert de 2 millions aux Bahamas comme «extrêmement louche».

M. Lacroix ne l'a pas contredit là-dessus, puisqu'il affirme que ces 2 millions ont été transférés aux Bahamas sans qu'il en donne l'ordre.

M. Lacroix admet, après l'avoir d'abord nié, qu'il a effectivement fait un chèque de 2 millions de dollars au compte en fiducie de Me Robert Hindle, un avocat montréalais spécialisé dans les structures offshore.

Mais il affirme n'avoir jamais autorisé l'avocat à prendre les millions dans le compte en fiducie pour les envoyer aux Bahamas. (C'est à Me Hindle que le syndic Robillard réclame les 2 millions en cour, dans une poursuite intentée avant Noël).

Mais «il est évident que M. Lacroix a quelque chose à cacher», a cependant dit Me Downs, qui a souligné devant le juge que M. Lacroix a eu trois versions des faits concernant ce virement.

L'ancien président de Norbourg a d'abord nié l'existence de son chèque de 2 millions, puis a affirmé que la signature n'était pas la sienne, avant de finalement reconnaître qu'il en était l'auteur, a rappelé l'avocat de l'AMF.

Me Downs a aussi affirmé au juge que l'incorporation par M. Lacroix pour 1792$ de deux firmes financières Internet (en septembre 2006) montre que le controversé homme d'affaires «n'a pas réduit son train de vie».

«Il vit encore dans sa grosse maison, il va encore à son gros chalet», a dit Me Downs, qui a cependant dit que M. Lacroix se déplace grâce à la voiture de sa femme (la sienne a été saisie l'an dernier).

Me Downs a estimé que M. Lacroix avait un revenu disponible 20 fois plus élevé que les normes de l'aide juridique si on tient compte de la valeur des trois propriétés qui sont au nom de sa femme. M. Lacroix a fait valoir que ces propriétés sont grevées par des hypothèques légales qui empêchent toute transaction.