Trois semaines après que le Québec fut devenu la première province canadienne à rembourser un nouveau médicament de Bristol Myers Squibb, la multinationale pharmaceutique américaine a annoncé lundi qu'elle ferme son laboratoire de Candiac.

Trois semaines après que le Québec fut devenu la première province canadienne à rembourser un nouveau médicament de Bristol Myers Squibb, la multinationale pharmaceutique américaine a annoncé lundi qu'elle ferme son laboratoire de Candiac.

La firme licencie du coup 115 employés et tente d'attirer aux États-Unis son personnel scientifique montréalais.

Bristol Myers Squibb a avisé lundi ses employés de Candiac qu'elle consolidera, dans le New Jersey, la fabrication des médicaments expérimentaux utilisés lors des essais cliniques.

C'est un maillon important de la chaîne de recherche et développement: quand un médicament expérimental atteint le stade des essais cliniques, il faut un labo pour fabriquer les doses individuelles qui seront administrées aux patients-volontaires durant ces essais.

Il s'agit de production à très petite échelle, mais le labo de Candiac avait jusqu'à hier le mandat de fournir des essais cliniques menés un peu partout dans le monde.

«Il y a eu un agrandissement de notre complexe de New Brunswick (une ville du New Jersey, tout près de New York), où se trouve le coeur de la recherche et développement de la compagnie. La direction a décidé de consolider là-bas ces activités. C'est une question d'efficacité et d'économies d'échelle», a dit le porte-parole de la filiale canadienne de BMS, Marc Osborne.

Les trois quarts des 115 emplois de Candiac sont liés à la fabrication des lots cliniques et impliquent «des gens qui ont une formation scientifique poussée, la majorité ont un doctorat ou une maîtrise en science», a dit M. Osborne.

Il dit ne pas savoir combien d'employés pourraient accepter des postes aux États-Unis «mais ce sont des gens très mobiles», a-t-il précisé.

«Voilà un cas classique d'exode des cerveaux», a dit lundi le candidat péquiste François Rebello, qui tente de se faire élire dans la circonscription de La Prairie, où se trouvent les installations de la firme à Candiac.

«Il faut que le gouvernement du Québec intervienne auprès de l'entreprise, ce qui n'a pas été fait d'après les informations que j'ai eues.»

Le porte-parole du ministère du Développement économique du Québec n'avait pas rappelé La Presse Affaires au moment de mettre sous presse.

«La région de Montréal est censée être un pôle d'attraction pour la recherche pharmaceutique et ce n'est pas normal qu'on ne fasse pas d'effort pour garder ici ce labo et ces emplois à haute valeur ajoutée, a dit M. Rebello. Si toutes les compagnies pharmaceutiques consolident aux États-Unis leurs activités, ça ne sera pas beau au Québec dans cinq ans.»

Il y a quelques semaines, une autre pharmaceutique américaine, Pfizer, a aboli 285 postes au Canada, dont 100 à son siège social de Kirkland.

Ces deux décisions suivent de quelques semaines la décision du gouvernement du Québec de dégeler les prix des médicaments d'ordonnance. Cette mesure augmentera les profits des firmes pharmaceutiques, particulièrement celles -comme BMS et Pfizer- qui fabriquent des médicaments innovateurs.

Le 8 février dernier, le Régime général d'assurance médicaments du Québec a autorisé le remboursement de Baraclude, un médicament contre l'hépatite B inventé par Bristol Myers Squibb.

Le régime public d'assurance médicament a inscrit Baraclude sur sa liste des médicaments d'exception, a dit la porte-parole Suzanne Naud, au Conseil du médicament, à Québec.

Baraclude, dont le coût quotidien de 22$ est cinq fois supérieur à celui du traitement standard, est remboursé seulement dans les cas où ce médicament standard échoue. Marc Lortie, de la Régie de l'assurance-maladie du Québec, a indiqué que l'organisme ne fait pas d'estimations sur les coûts de médicaments et n'a donc pas de prévision du coût annuel qu'implique le remboursement du Baraclude.

Baraclude est un tout nouveau médicament, en début de cycle, et ses revenus annuels mondiaux annuels étaient de seulement 83 millions US. La filiale canadienne de Bristol Myers Squibb a son siège social à Montréal.