Dans la mise à jour financière que doit présenter le ministre fédéral des Finances en novembre, l'équilibre budgétaire a toutes les chances d'être respecté, à moins que le nouveau gouvernement de Stephen Harper n'ouvre les vannes contre toute attente.

Dans la mise à jour financière que doit présenter le ministre fédéral des Finances en novembre, l'équilibre budgétaire a toutes les chances d'être respecté, à moins que le nouveau gouvernement de Stephen Harper n'ouvre les vannes contre toute attente.

La nette détérioration des perspectives économiques fera fondre le modeste surplus de 2,3 milliards que prévoyait le ministre Jim Flaherty dans son plan budgétaire du 26 février, s'inquiètent beaucoup d'observateurs.

Rien n'est moins sûr. Certes, la croissance réelle sera bien inférieure à la projection de 1,7% du ministre. En revanche, l'expansion de l'économie mesurée en dollars courants pourrait bien dépasser les 3,5% prévus.

Or, c'est en dollars d'aujourd'hui qu'Ottawa taxe et impose, pas en dollars de 2002 qui servent à mesurer la croissance réelle de l'économie. L'écart entre les PIB réel et nominal est parfois considérable, comme cela s'est produit au deuxième trimestre cette année. En rythme annuel, l'expansion réelle de l'économie a été limitée à 0,3% d'avril à juin alors qu'elle a bouffi de 10,7% lorsque mesurée en dollars courants.

L'explication réside évidemment dans la forte poussée des prix de l'énergie et des produits de base. Cela signifie pourtant que les profits des entreprises ont augmenté, les recettes fiscales qui en découlent aussi.

En fait, les bénéfices nets des entreprises ont progressé de 5,5% du premier au deuxième trimestre, selon Statistique Canada. Seize des 22 industries recensées ont enregistré des gains. Aux États-Unis, les profits avaient reculé, malgré une croissance réelle de l'économie de 2,8%, d'avril à juin. «Ottawa va ainsi se chercher une autre marge de manoeuvre», résume Yves Saint-Maurice, économiste en chef adjoint chez Desjardins.

Il semble bien à la lumière des statistiques disponibles que l'expansion réelle de l'économie se soit accrue quelque peu durant l'été même si la croissance nominale a beaucoup décéléré.

Ainsi en juillet le PIB réel a bondi de 0,7% tandis qu'en septembre, plus de 100 000 emplois ont été créés. Les salaires horaires évoluaient quant à eux au rythme de 4,6%, soit davantage que l'inflation qui progressait rapidement à 3,5%. Bref, «l'emploi fonctionne assez bien et le revenu disponible augmente», poursuit M. Saint-Maurice.

Fin de la correction

Certains économistes croient en outre que la présente correction des prix de l'énergie et des produits de base tire à sa fin.

«Les fondamentaux devraient pousser le prix du baril de pétrole près des 100$ américains, ce qui devrait pousser le PIB nominal», précise Pedro Antunès, responsable des prévisions économiques au Conference Board du Canada. Le Board s'attend à ce qu'Ottawa dégage un surplus de 4,6 milliards au cours du présent exercice, soit le double de la prévision de M. Flaherty.

Selon la Revue financière du ministère des Finances, Ottawa avait déjà engrangé un surplus de 2,9 milliards d'avril à juillet, malgré des prévisions de revenus à la baisse, compte tenu des diminutions d'impôt et de la TPS.

Un tel surplus peut cependant fondre en cours d'exercice et se transformer en déficit, si les recettes fiscales chutent. C'est le cas souvent quand la croissance n'est plus au rendez-vous ou, pire, quand l'expansion mesurée en dollars courants est plus faible que la croissance réelle.

«Nous pensons que le PIB nominal a avancé de 2,2% seulement au troisième trimestre, qu'il reculera de 0,8% durant l'automne, avant de gagner tout juste 0,2% durant l'hiver, résume Michael Gregory, économiste principal chez BMO marchés des capitaux. Le ministre des Finances aura de la difficulté à dégager un surplus, il pourrait même se retrouver avec un léger déficit d'environ un milliard.»

M. Flaherty avait caché un atout dans sa manche au moment de la présentation de son budget. Quelques mois après, Ottawa mettait aux enchères pour une durée de 10 ans un nouveau spectre d'ondes pour la téléphonie. Cet encan a rapporté 4,6 milliards au Trésor fédéral.

Ces revenus ne sont pas immédiats cependant. Ils seront étalés sur 10 ans. Cela fait tout de même quelques centaines de millions pour l'exercice en cours.

Cela semble peu sur des prévisions de revenus de 241,9 milliards. C'est énorme quand on prévoit un surplus de 2,3 milliards. C'est une somme non négligeable enfin, si on doit gratter les fonds de tiroir pour stimuler l'économie.