Les as en capital de risque ont davantage une réputation de requins que de bons samaritains. Ils sont pourtant nombreux à vouloir redonner aux oeuvres de charité, en autant que leur argent soit bien administré. Entrent en scène les experts d'Impetus, un fonds britannique qui fait fructifier les dons.

Les as en capital de risque ont davantage une réputation de requins que de bons samaritains. Ils sont pourtant nombreux à vouloir redonner aux oeuvres de charité, en autant que leur argent soit bien administré. Entrent en scène les experts d'Impetus, un fonds britannique qui fait fructifier les dons.

Quel donateur ne s'est pas déjà demandé si son argent allait être utilisé à bon escient par une oeuvre de charité? Ou quel serait son impact réel?

C'est pour dissiper ces doutes et pour rehausser la performance du milieu caritatif qu'Impetus est né.

Impetus est en quelque sorte un fonds d'investissement privé caritatif. Il a été fondé par deux anciens investisseurs britanniques, Stephen Dawson et Nat Sloane. En 2007, le fonds a offert l'équivalent de 20 millions de dollars en dons et en expertise.

Des collaborateurs experts, surtout du milieu des affaires, prennent en charge les oeuvres de charité choisies par le fonds. L'équipe d'Impetus écrème les candidates avec soin.

«Nous privilégions celles qui ont un leader fort et de grandes ambitions, explique Daniela Soares, directrice d'Impetus d'origine brésilienne, dans son bureau de Londres. Si un organisme désire augmenter sa croissance annuelle de 3% à 5%, nous ne sommes pas intéressés.»

Aussi, le potentiel social, c'est-à-dire, le nombre de personnes bénéficiaires au final, doit être intéressant. Les oeuvres sélectionnées sont parrainées et outillées pour décupler leurs activités et leurs revenus.

L'évaluation du portefeuille du fonds s'appuie sur sa «performance sociale». Les donateurs d'Impetus vérifient ainsi son progrès à chaque trimestre.

«Les leaders du milieu caritatif sont des visionnaires mais pas toujours de bons gestionnaires», explique Mme Soares, elle-même une ancienne banquière.

C'était le cas de Craig Phillips, fondateur de Speaking Up, un organisme qui aide des handicapés mentaux à devenir autonomes.

Établi à Cambridge, l'entrepreneur voulait ouvrir cinq autres branches en Angleterre en 2003. Il a rapidement réalisé qu'il ne savait pas comment structurer sa croissance. Séduite par le potentiel de ses services, l'équipe d'Impetus a rassemblé autour de lui des experts en affaires et en image de marque.

Des mentors

«Ils sont devenus mes mentors, dit M. Phillips. J'ai reçu l'équivalent de 400 000 $ en conseils d'affaires et un don de 800 000 $ CANcanadiens. C'était comme recevoir un chargeur turbo.»

Résultat? Les revenus de Speaking Up ont triplé depuis cinq ans. Le nombre de ses bénéficiaires est passé de 500 à 3000 pendant cette période.

Les 10 autres organismes du portefeuille font aussi des affaires d'or. Chaque dollar investi par le fonds en a généré six autres depuis sa création.

Nouvelle vague

Impetus appartient à une nouvelle vague de philanthropes: des entrepreneurs et des financiers qui embrassent une ou plusieurs causes, comme Bill Gates le fait depuis quelques années.

À Londres, Arpad Busson, fondateur du groupe d'investissement EIM, a lancé ARK (Absolute Return for Kids) en 2002. En juin dernier, le gotha de la City s'est réuni à un encan très sélect pour offrir 50 millions à ARK.

Daniela Soares s'y serait trouvée si elle n'avait pas abandonné sa carrière de banquière il y a quelques années. «Je ne voulais pas attendre d'avoir les cheveux gris et un million en banque avant de redonner à la société», dit la directrice d'Impetus, les yeux brillants.

Site Internet: www.impetus.org.uk