La rumeur persistait depuis le mois de juillet et elle a été confirmée lundi matin: Rio Tinto met en vente la filiale des produits usinés d'Alcan, dont fait partie l'usine de câble Saint-Maurice de Shawinigan.

La rumeur persistait depuis le mois de juillet et elle a été confirmée lundi matin: Rio Tinto met en vente la filiale des produits usinés d'Alcan, dont fait partie l'usine de câble Saint-Maurice de Shawinigan.

Cette décision a pris par surprise toute la région lundi, d'autant plus que les quelque 120 syndiqués de l'usine venaient tout juste de signer leur nouveau contrat de travail, mercredi dernier.

«Depuis qu'Alcan a été acheté par Rio Tinto, on vit dans l'incertitude. Ce n'est venu qu'en rajouter sur le tas», a déclaré le président du syndicat de l'usine, Stéphane Garceau.

Ce dernier demeure malgré tout confiant que la division de produits usinés d'Alcan trouvera preneur, d'autant plus que Rio Tinto souhaite vendre ses actifs en bloc, soit 120 sites dans 32 pays.

Au Québec, outre l'usine Saint-Maurice, trois autres sites sont concernés par cette annonce, dont un à Saguenay, un à Jonquière et un à Saint-Laurent, touchant 240 travailleurs.

En France seulement, 10 000 emplois sont touchés par cette mise en vente. En tout, cette division d'Alcan représente une valeur totale de 15 milliards $.

«Le problème, ce n'est pas de savoir si quelqu'un voudra nous acheter, mais plutôt de savoir ce que l'acheteur a l'intention de faire avec son acquisition. Est-ce qu'il va conserver tout dans l'état actuel? Est-ce qu'il veut changer quelque chose à la production? C'est ça qui va faire en sorte que nous allons conserver ou non nos emplois», souligne Stéphane Garceau.

Jointe au téléphone lundi, la conseillère aux affaires publiques pour Rio Tinto Alcan, Claudine Gagnon, n'était pas en mesure de donner plus de détails à savoir si certaines conditions avaient été établies par son entreprise pour poser des conditions de vente, soit par rapport au maintien des activités actuelles ou encore au maintien d'un maximum d'emplois.

«Nous avons fait une revue stratégique de tout notre portefeuille avant d'en arriver à cette décision», a souligné Mme Gagnon.

Le président du syndicat s'est dit d'autant plus surpris de la rapidité de cette annonce, puisque la décision de Rio Tinto Alcan au sujet de l'avenir des produits usinés n'était pas attendue avant encore plusieurs mois.

«Ils devaient se positionner à la fin du premier trimestre de 2008. C'est surprenant qu'ils le fassent aussi tôt», souligne-t-il.

Déjà en juillet dernier, quatre jours après l'acquisition d'Alcan par Rio Tinto, les spéculations allaient bon train quant à l'avenir des produits usinés d'Alcan.

La rumeur était persistante et avait déjà créé de l'incertitude au sein de l'usine Saint-Maurice.

«Depuis le mois de mai que nous étions en négociation et que nous étions dans l'incertitude. Ces rumeurs n'avaient qu'augmenté notre inquiétude. Là, nous avons signé notre contrat de travail la semaine passée, et la vente se confirme. On a hâte que 2007 se termine. Ça n'a pas été une bonne année pour nous», lance Stéphane Garceau, en confiant que la situation actuelle crée une drôle d'ambiance au sein des employés.

Quant au nouveau contrat de travail, M. Garceau ne croit pas que la signature de mercredi dernier ait pesé bien lourd dans la balance de la décision de Rio Tinto.

«À la grosseur que ça a (la transaction), je ne crois pas que le fait qu'on ait enfin signé notre convention collective ait eu un quelconque effet», avance-t-il.

De son côté, Claudine Gagnon a rappelé que l'usine faisait face aux mêmes défis que lors de la signature de la convention et que l'annonce de lundi ne changeait rien à cette réalité.