La PME Produits d'acier Hason, de Berthierville, devra embaucher d'ici janvier prochain une vingtaine de soudeurs et d'assembleurs originaires du Costa Rica si elle veut poursuivre sa croissance.

La PME Produits d'acier Hason, de Berthierville, devra embaucher d'ici janvier prochain une vingtaine de soudeurs et d'assembleurs originaires du Costa Rica si elle veut poursuivre sa croissance.

C'est ce que soutient Denis Blain, président-directeur général de cette entreprise spécialisée dans la fabrication d'équipements utilisés notamment dans les secteurs de la pétrochimie et du raffinage.

Les ventes de la PME oscillent entre 15 et 20 millions. M. Blain désire augmenter ce chiffre de 50% d'ici quatre ans. Pour ce faire, il devra recruter près de 50 nouveaux employés, en majorité des soudeurs.

«Le métier de soudeur est frappé d'un «sceau rouge», explique M. Blain, c'est-à-dire qu'il y a une pénurie en ce moment au Québec. En deux ans, ça fait 15 000$ de publicité qu'on met dans les journaux afin de recruter du personnel. Comme il faut absolument trouver des travailleurs, on s'est tourné vers le Costa Rica pour embaucher des soudeurs et des assembleurs.»

Cette initiative n'est pas sans faire sourciller certains acteurs du monde québécois de la soudure.

«Il y a effectivement un manque de soudeurs au Québec, surtout de soudeurs avec expérience. Je ne suis pas très au courant du dossier, mais si l'employeur dont vous me parlez cherche des gens d'expérience pour 14$ l'heure, c'est sûr qu'il va avoir du mal à recruter quand on sait que certains soudeurs spécialisés peuvent aller chercher jusqu'à 32$ l'heure», explique Gilles Ayotte, représentant syndical des Métallos, affilié à la FTQ.

Un autre cas du genre est actuellement observé dans la région de Lebel-sur-Quévillon, au nord de l'Abitibi-Témiscamingue. Les propriétaires de l'entreprise minière Breakwater souhaitent faire venir de Tunisie une quarantaine de travailleurs qualifiés pour combler autant de postes en sol québécois. La FTQ s'y oppose.

Le dossier est donc «sur la glace», selon un conseiller syndical de l'endroit.

Poste à temps plein

Contrairement aux quelque 5000 travailleurs étrangers (surtout du Mexique) qui sont embauchés sur une base saisonnière dans le secteur maraîcher, les soudeurs que Hason ira recruter en Amérique centrale occuperont un poste à plein temps.

«Ils signeront un contrat ferme de deux ans et seront intégrés aux autres travailleurs dès leur arrivée au Québec», soutient le président de la PME de 100 employés.

Quant à la syndicalisation des futurs soudeurs, elle ne posera aucun problème, soutient Denis Blain. Rappelons qu'on a refusé aux travailleurs saisonniers du secteur maraîcher le droit de se syndiquer.

«Nos nouveaux travailleurs auront droit aux même avantages sociaux (assurances, congés, vêtements de travail, etc.) que notre groupe de travailleurs actuels», dit-il. Le salaire d'un soudeur chez Hason varie entre 14$ et 20$ l'heure.

Les Costariciens commenceront au bas de l'échelle, soit à 14$ l'heure.

«Notre objectif, poursuit M. Blain, c'est d'en faire des citoyens canadiens au bout de deux ans. Leur famille pourra venir les rejoindre et Hason se chargera de leur intégration. Si tout se passe bien et qu'on trouve un bon bassin de travailleurs là-bas, on va peut-être répéter l'expérience.»

Bref, la PME de Berthierville ne veut ménager aucun effort afin de profiter de la manne qui s'offre à elle, c'est-à-dire un boom sans précédent dans les secteurs de la pétrochimie et du raffinage.

«Les capacités de raffinage sont à leur comble partout dans le monde», dit le PDG de l'entreprise qui vient d'ouvrir un bureau de ventes en Alberta. Un autre représentant de Hason sera posté au Moyen-Orient d'ici la fin de 2008.

«En Alberta seulement, dans le secteur du raffinage, on prévoit des investissements de 150 milliards d'ici 2017. Et dans les Émirats arabes unis, on parle de 90 milliards. Pour les États-Unis, je ne peux avancer de chiffre, mais je sais que ça va être gros. Tout le monde veut augmenter sa capacité de raffinage», affirme Denis Blain. Selon lui, il y a 136 raffineries en Amérique du Nord.

Produits d'acier Hason ne conçoit que des équipements sur mesure pour ses clients, notamment Shell et Exxon. Dans ses deux usines de Lanaudière (Berthierville et Lanoraie), elle produit notamment des regénérateurs, des colonnes de distillation et autres cyclones.

Certaines pièces pèsent plus 60 000 kg et dépassent les 30 mètres de long. Bon an mal an, la PME transforme près de 2000 tonnes d'acier et d'acier inoxydable.

M. Blain n'est pas peu fier de mentionner que l'entreprise dont il est propriétaire depuis 2003 avec Dang Nguyen et Mario Blanchette a un petit côté «vert». La PME participera en effet à la construction d'un système de pompage d'hydrogène gazeux.

«Ce système servira à alimenter les autobus qui fonctionneront à l'hydrogène aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010. On ne fera pas d'argent avec ça, mais participer à un projet vert, c'est quelque chose que je m'étais fixé en achetant l'entreprise avec mes collègues», conclut Denis Blain.