Les premier ministre du Canada, Stephen Harper et son homologue ontarien, Dalton McGuinty, doivent présenter aujourd'hui le plan d'aide canadien à l'industrie automobile, au lendemain de l'annonce par le président américain George W. Bush d'un prêt d'urgence de 17,4 milliards US à General Motors et Chrysler.

Les premier ministre du Canada, Stephen Harper et son homologue ontarien, Dalton McGuinty, doivent présenter aujourd'hui le plan d'aide canadien à l'industrie automobile, au lendemain de l'annonce par le président américain George W. Bush d'un prêt d'urgence de 17,4 milliards US à General Motors et Chrysler.

L'aide canadienne devrait être proportionnelle à l'américaine et se chiffrer à plus de 4 milliards, compte tenu qu'un cinquième de la production du «Detroit Three» est faite au Canada. On ignore toutefois si elle contiendra autant de conditions que le plan américain.

L'annonce américaine implique des restructurations majeures et d'importantes concessions de la part des travailleurs, sans quoi le prêt pourrait être rappelé le 31 mars, ce qui provoquerait la faillite de GM et Chrysler.

Ford, de son côté, n'a pas demandé d'aide d'urgence, mais seulement un accès éventuel à une marge de crédit.

D'importantes baisses de salaire?

Selon Dennis DesRosiers, un expert ontarien de l'industrie interviewé par Bloomberg, si l'aide canadienne contient les mêmes exigences que le plan annoncé par M. Bush, les travailleurs canadiens devront faire des concessions équivalent à entre 15$ et 25$ l'heure.

Ces chiffres sont largement exagérés, estime Christian Navarre, professeur à l'école de gestion Telfer de l'Université d'Ottawa. «L'écart entre les fabricants asiatiques et américains n'est pas très élevé, dit-il. Chez Ford on est à 26$ l'heure et à 20$ chez les Japonais. Je ne vois pas 15$ de différence et encore moins 25$.»

Par ailleurs, dit-il, les travailleurs ont déjà accepté que la responsabilité des soins de santé du personnel et des retraités soit progressivement transférée dans un fonds géré par les syndicats et que le paiement soit fait en partie en actions des sociétés. «Les constructeurs transfèrent une grosse dette aux syndicats», dit-il.

Le président du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile, Ken Lewenza, s'est dit soulagé de l'annonce du plan de sauvetage américain, tout en affirmant que les reproches aux salariés n'étaient pas justifiés. «La situation ne résulte pas des salaires et compensations aux États-Unis, mais bien d'une crise mondiale», dit-il.

GM, Ford et Chrysler emploient 34 000 personnes au Canada, deux fois plus que tous les autres fabricants. L'industrie des pièces d'auto emploie quant à elle 219 000 personnes.

Si on tient compte des impacts indirects dans les communautés, une restructuration majeure des «Detroit Three» - nouvelle appellation de l'ex-»Big Three» - pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur l'emploi au Canada.

Selon une étude réalisée pour le compte du gouvernement de l'Ontario, une réduction de 50% de la production totale des trois manufacturiers américains en 2009 ferait disparaître 157 000 emplois au pays, dont 141 000 en Ontario et 9000 au Québec. L'impact s'aggraverait dans les années subséquentes pour atteindre 296 000 pertes d'emplois après cinq ans, dont 21 000 au Québec.

Au Québec, des concessionnaires des deux marques en difficulté étaient très heureux de l'annonce de l'aide américaine.

«Il était urgent de suspendre l'incertitude auprès des consommateurs», dit Martin Bourgault, directeur général du Groupe Gravel, concessionnaire GM.

«C'est une excellente nouvelle et j'aime bien qu'on ne parle plus de faillite, dit Marc Lavigne, directeur général de Longue Pointe Chrysler Dodge Jeep. Il y avait des clients qui étaient inquiets. Faillite, on n'aime pas ce mot-là, quand on vend un produit à long terme.»

Cependant, dit-il, «il faut que le gouvernement s'assure que les emplois restent ici. Il ne faut pas qu'ils donnent l'argent et que la restructuration transfère les emplois aux États-Unis».