Pas pour y céder, mais bien pour vous en méfier. Avec sept enquêteurs, l'Office de la protection du consommateur (OPC) n'arrive pas à faire respecter la loi. C'est à vous (oui, vous) D'être vigilant. Petit guide de la publicité délinquante...

Pas pour y céder, mais bien pour vous en méfier. Avec sept enquêteurs, l'Office de la protection du consommateur (OPC) n'arrive pas à faire respecter la loi. C'est à vous (oui, vous) D'être vigilant. Petit guide de la publicité délinquante...

Chouette, des jouets gratuits à collectionner! Les figurines, qui représentent les personnages du dessin animé Viva Pinata et du jeu vidéo du même nom, étaient offertes en prime à l'achat d'un repas pour enfant chez Burger King.

«Ces primes-jouets à collectionner sont une forme de publicité qui incite les enfants à multiplier les visites dans les restaurants Burger King et à réclamer les repas nécessaires pour obtenir ces jouets», a dénoncé la Coalition québécoise sur la problématique du poids, en décembre 2007. Cette campagne semblait contrevenir à l'article sur la publicité destinée aux enfants, et l'OPC a depuis entrepris un recours en justice contre la chaîne de restauration.

La Loi sur la protection du consommateur comporte toute une section sur les pratiques commerciales, dont une large proportion des articles a trait à la publicité.

Vous pensez être ainsi protégé contre les écarts de créativité. Mais les annonceurs sont de plus en plus subtils.

Comme le fait valoir Claude Cossette, professeur en publicité sociale à l'Université Laval, les publicitaires, après avoir rouspété un bon coup, se sont adaptés à la réglementation, d'autant plus que les contraintes étaient les même pour tous. Mais ce n'est plus le cas. «Depuis quelque temps, la concurrence devient de plus en plus difficile et on essaie de plus en plus de la contourner, surtout à cause d'internet, qui permet par exemple de faire des jeux en ligne et d'y intégrer de la publicité», remarque-t-il.

«La publicité trompeuse est constamment là, constate aussi l'avocate Stéphanie Poulin, responsable des services juridiques à Option consommateurs. On observe assez fréquemment des publicités fausses ou trompeuses ou des contraventions à la loi.»

Les associations de consommateurs dénoncent le manque de ressources de l'OPC. Son budget, de 13 millions pour l'exercice 1996-1997, avait été ramené à 7,9 millions l'année suivante. Dix ans plus tard, il avoisine toujours 7,8 millions. «J'ai travaillé à l'Office à la fin des années 80, relate Pauline Roy, maintenant professeur de droit à l'Université de Montréal. Nous étions plus de 25 avocats, il y avait plus de 25 enquêteurs.»

En 2007, l'OPC ne comptait plus que cinq enquêteurs. Dans une entrevue diffusée à Radio-Canada en février 2008, le président de l'OPC, Me Louis Borgeat, a promis que leur nombre augmenterait. C'est fait: ils sont maintenant sept.

«Les publicitaires savent que les dents sont moins aiguisées qu'elles l'étaient dans les années 80», observe Claude Cossette.

Pauline Roy déplore la très grande précision de certains articles. Ils ont été rédigés pour faciliter les poursuites pénales menées par l'OPC, qui nécessitent des articles très précis. Or, avec le manque d'effectifs, les plaintes sont davantage le fait des consommateurs, qui intentent par ailleurs des poursuites au civil en se débattant avec des articles et des règlements très complexes.

«La publicité est un problème majeur, soutient Mme Roy. Lorsque l'Office va se pencher là-dessus, il aura intérêt à faire une étude très approfondie des conséquences et des façons de rédiger ces articles.»

En fait, les véhicules publicitaires sont devenus trop variés et subtils pour que l'action gouvernementale soit efficace, estime Claude Cossette. «Je pense que ce sera au plan local que ça devra se faire, pour empêcher les annonceurs de faire de la réclame autour des écoles primaires, par exemple.»

C'est un peu ce que défend Jean-Jacques Préaux, porte-parole de cet OPC édenté. «L'OPC compte autant d'enquêteurs qu'il y a de consommateurs au Québec», énonce-t-il. En d'autres mots, chaque consommateur - et nous en sommes tous - peut signaler à l'OPC une infraction aux règlements sur la publicité. Encore faut-il que ce consommateur connaisse la teneur de ces articles.

Faisons un peu de publicité: pour en être informé, parcourez gratuitement notre dossier.