Alors que les prix de l'alimentation flambent aux États-Unis, les industriels combattent l'inflation en maintenant les prix de leurs produits mais en réduisant les portions.

Alors que les prix de l'alimentation flambent aux États-Unis, les industriels combattent l'inflation en maintenant les prix de leurs produits mais en réduisant les portions.

«Un laser rétrécissant sévit dans les supermarchés en Amérique», ironise Bob Popken du site de défense des consommateurs consumerist.com.

«Ce laser rétrécissant n'était pas très puissant ces dernières années, mais récemment, à cause de la hausse des prix du pétrole, des céréales et du lait, il a été poussé à la puissance 11», ajoute-t-il, évoquant la vague de produits soudainement conditionnés en plus petit volume pour la même étiquette de prix.

La taille d'un bocal de mayonnaise Hellmann's est passée de 907 grammes à 850 g, a reconnu pour l'AFP Dean Mastrojohn, un porte-parole du géant de l'alimentation Unilever.

La margarine Country Rock est désormais conditionnée en barquette de 100 g de moins, de même que les glaces Breyers, qui passent, pour le même prix, de 1,5 kg à 1,3 kg.

«La réduction de la taille des emballages est limitée, que ce soit par rapport aux produits choisis ou la géographie de leur distribution», tempère M. Mastrojohn, précisant que la démarche d'Unilever ne concerne pour l'instant que les États-Unis.

Une des réponses

«J'aimerais aussi souligner que la réduction des conditionnements constitue seulement une de nos réponses à ces fortes hausses des coûts et n'intervient qu'en dernier ressort après avoir essayé d'autres approches», poursuit-il.

Pour Deirdre Cummings, directrice juridique du groupe de défense des consommateurs MASSPIRG, cette démarche est «une augmentation de prix qui ne dit pas son nom».

«Les gens se demandent: les distributeurs sont-ils en train d'essayer de flouer le consommateur? Je répondrais que oui», dit Mme Cummings.

«Ils veulent augmenter les prix sans que le consommateur s'en rende compte. Ils le font en conditionnant dans de plus petits emballages mais quand ils lancent ce nouvel emballage, ils se gardent de dire qu'il est plus petit», ajoute-t-elle.

«On ne compte pas les fois où l'emballage est frappé de la mention "nouveau!" sans dire que c'est plus petit».

Ainsi, on peut voir sur le site de défense des consommateurs Mouseprint.org la silhouette affinée d'une nouvelle bouteille de jus d'orange Tropicana à côté de la bouteille de la génération précédente et s'apercevoir que le consommateur perd l'équivalent d'un verre de jus d'orange avec la nouvelle bouteille.

Tropicana défend son choix sur ce site: «Les prix du pétrole flambent. Le pétrole est utilisé dans la fabrication des bouteilles de plastique, dans nos usines, dans le transport de nos jus dans des camions réfrigérés à travers le pays. Nous avions le choix soit d'augmenter le prix, soit de réduire la bouteille», dit l'entreprise sur le site.

Le prix des oranges à la livre a augmenté de 10% entre janvier et mai tandis que le prix de l'essence a accusé une hausse de 25% en 5 mois.

Les pizzas aussi

Même des restaurants sont touchés par cette vague de réduction des portions.

Les pizzas sont découpées en 12 tranches au lieu de 8 pour le même prix à la tranche, tandis que certains bars servent désormais de la bière dans des verres à fond épais, économisant 56 ml de bière par pinte de 454 ml.

«Les gens vont vraiment se fâcher s'ils commencent à rétrécir les bières. Vous pouvez rogner sur leurs céréales, mais pas sur leur bière», prévient Bob Popken.