Des investisseurs qui détiennent pour 33 milliards de dollars en papier commercial canadien gelé disent qu'ils en ont assez du nouveau retard qu'accuse le plan de restructuration.

Des investisseurs qui détiennent pour 33 milliards de dollars en papier commercial canadien gelé disent qu'ils en ont assez du nouveau retard qu'accuse le plan de restructuration.

Ils se disent toutefois disposés à accorder aux négociateurs six semaines de plus pour qu'ils achèvent leur tâche.

«C'est frustrant», reconnaissait dimanche lors d'une entrevue Gregory Crowe, PDG d'Entrée Gold.

«J'aimerais bien voir l'affaire réglée, mais je veux que ce soit fait correctement, avec l'appui de toutes les banques», a-t-il ajouté. La société minière de Vancouver qu'il dirige, qui possède 4 millions en papier commercial, «peut se permettre d'attendre un petit peu» pour qu'intervienne une solution, a indiqué M. Crowe.

Un groupe d'investisseurs ayant à sa tête Purdy Crawford, avocat torontois, n'a pas pu respecter les délais pour la deuxième fois vendredi dernier pour concocter un accord visant à restructurer les titres qui n'ont pas fait l'objet de transactions depuis la mi-août.

Samedi, M. Crawford s'est dit «très déterminé» à obtenir un accord avant la fin de janvier prochain pour restructurer les titres en valeurs de plus long terme d'ici le 14 mars 2008.

«Les investisseurs à qui j'ai parlé sont au mieux désillusionnés par le processus et certains sont passablement en colère», avance Colin Kilgour, président de la division de gestion de patrimoine de Connor, Clark & Lunn Financial Group.

«Ils en ont tous assez», ajoute-t-il.

Le marché canadien du papier commercial vendu par des courtiers non bancaires s'est figé en août dernier après que Coventree et d'autres fiducies n'ont pas renouvelé des titres de dette rendus à échéance parce que des investisseurs avaient soulevé des inquiétudes à propos de liens possibles avec les prêts hypothécaires à risque aux États-Unis.

Les banques ont refusé de fournir du financement de réserve, ce qui a figé le marché et provoqué un risque d'effondrement des fonds.

Pour leur part, un groupe de banques étrangères, de prêteurs canadiens et des caisses de retraite ayant à leur tête la Caisse de dépôt et placement du Québec ont négocié ce qui a été appelé la Proposition de Montréal le 16 août dernier et ont accepté de convertir les titres de dette de court terme en titres de plus long terme.

Le comité de M. Crawford, qui comprend certains des plus gros détenteurs des titres gelés, travaille de son côté à un plan de restructuration depuis septembre dernier.

«La cadence des travaux est inacceptable», lance M. Kilgour, qui conseille certaines entreprises détentrices des titres.

«On gaspille du temps et de l'argent à un rythme épouvantable et il y a des entreprises investisseuses qui attendaient de toucher leur argent en août et qui ont encore ces titres tout en ignorant ce qu'ils valent», ajoute-t-il.

Pour sa part, la Banque Toronto-Dominion a fait savoir hier en fin de journée qu'elle était disposée à examiner les mesures proposées par l'Accord de Montréal afin de contrer la crise du papier commercial mais l'institution financière, qui n'est pas exposée au PCAA, ne veut pas courir de risques inutiles.

Le groupe de M. Crawford s'occupe de 21 fiducies qui possèdent des actifs d'environ 33 milliards, selon un communiqué. L'un de ces fonds, le Skeena Capital Trust (2,1 milliards), a déjà été restructuré et il attend l'approbation des investisseurs.

Les investisseurs deviennent de plus en plus frustrés, avertit Daryl Ching, de Clarity Financial Strategy, firme de Toronto qui conseille des entreprises à propos de leurs placements dans du papier commercial.

«On peut pas dire aux investisseurs tous les deux mois d'attendre encore deux mois, soutient-il lors d'une entrevue. Les investisseurs ont droit à beaucoup plus d'informations que ce qu'ils ont en ce moment. Cela pouvait peut-être être acceptable en octobre, mais ce ne l'est plus maintenant.»