Le trimestre boursier le plus volatil depuis des années a pris fin vendredi avec un autre moment d'hésitation parmi les investisseurs.

Le trimestre boursier le plus volatil depuis des années a pris fin vendredi avec un autre moment d'hésitation parmi les investisseurs.

Et pour cause.

Car si le vif rebond boursier de septembre a effacé la débandade du mois précédent, les investisseurs demeurent anxieux envers les prochains résultats financiers des entreprises.

Aussi, les conséquences de la crise du crédit et des hypothèques à risque aux États-Unis planent encore comme des vautours au-dessus de l'économie américaine.

«Cette crise est loin d'être terminée, malgré l'accalmie apparente. Il y a tout de même pour 700 milliards US d'hypothèques aux États-Unis qui devront être renouvelées à taux majorés au cours des prochains mois», souligne l'économiste Benjamin Tal, de Marchés des capitaux CIBC, dans son récent avis sur l'économie américaine.

D'ailleurs, si la récente baisse de taux de 50 points de base par la Réserve fédérale américaine (Fed) a revigoré la Bourse à court terme, elle n'en témoigne pas moins des inquiétudes économiques pour les États-Unis.

Le déferlement des résultats d'entreprises pour le troisième trimestre, attendu à compter de la mi-octobre, s'annonce donc des plus surveillés depuis longtemps.

Pour les superstitieux, ce sera juste à temps pour remémorer le 20è anniversaire du krach d'octobre 1987!

Mais pour le moment, les investisseurs boursiers peuvent au moins se consoler du rebond des dernières semaines.

En fait, les deux principaux indices de la Bourse américaine, le Dow Jones et le S&P 500, ont connu leur mois de septembre le plus fort depuis le début du siècle!

Un gain mensuel de 3,6% pour le S&P 500 et de 4% pour le Dow Jones; assez pour remonter leur troisième trimestre en situation positive malgré la vive correction de la mi-août.

Depuis le début de l'année, le Dow Jones s'affiche en hausse de 11,5%, alors que le S&P 500 cote à 7,7%.

Évidemment, ces gains sont mesurés en dollars américains.

Car la chute de la devise américaine, ces dernières semaines, a joué un vilain tour aux investisseurs étrangers sur les Bourses de l'Oncle Sam.

En particulier les investisseurs canadiens, pour qui l'appréciation du huard à parité avec le dollar US est suffisante pour transformer en perte nette les gains boursiers réalisés aux États-Unis.

Faute de compensation du taux de change, ça représente une perte de 5% avec l'indice Dow Jones depuis le début de l'année, et de 8% dans le cas de l'indice S&P 500.

Heureusement pour les investisseurs canadiens, la Bourse de Toronto s'est aussi retapé de belle façon au cours du mois de septembre. L'indice principal S&P-TSX affiche un fort regain de 3% en quatre semaines, malgré le recul hier de 30,84 points à 14 098,89.

C'est assez aussi pour afficher un trimestre positif à hauteur de 1,6% en dépit de la correction de la mi-août, qui avait provoqué des sueurs froides sur Bay Street.

Si cette tendance haussière persiste, l'indice S&P/TSX se dirige vers une autre année de «gain à deux chiffres» en pourcentage.

Néanmoins, avisent des analystes, la prudence demeure de mise face à la conjoncture économique qui s'embrouille aux États-Unis, et son influence sur l'économie mondiale.

«À ce moment-ci, pour les investisseurs boursiers, ce qui compte le plus est de bien jauger le risque de récession américaine, par rapport à la croissance de l'économie mondiale», résument les économistes et stratèges boursiers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) à Toronto, dans leur bulletin hebdomadaire.

Mais à la différence de cycles précédents, les analystes de VMD estiment que l'influence américaine sur la croissance mondiale a diminué au cours des dernières années, avec l'émergence de pays comme la Chine.

«Alors que la croissance américaine ralentit, et stagne presque autour de 2%, la croissance de l'économie chinoise s'est accéléré à 11%», écrivent-ils.

Cette conjoncture mondiale pourrait favoriser une meilleure tenue de la Bourse canadienne, très influencée par le marché des ressources, par rapport à sa voisine américaine.

Mais un tel scénario demeure conditionnel aux prochaines décisions de la Fed américaine sur ses taux et sa capacité d'éviter une récession. Car lors des récessions précédentes, ont relevé les analystes de VMD, les Bourses nord-américaines ont flanché de 10% à 30% durant les trimestres qui suivaient la première baisse de taux.