Le producteur d'aluminium Alcan (T.AL) a fait un pas de plus, jeudi, pour améliorer le bilan environnemental de la planète.

Le producteur d'aluminium Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] a fait un pas de plus, jeudi, pour améliorer le bilan environnemental de la planète.

En assemblée annuelle, à Montréal, l'entreprise a annoncé qu'elle faisait son entrée à l'USCAP, un organisme qui fait pression sur les autorités pour combattre les changements climatiques.

Le président d'Alcan, Dick Evans, entrera au conseil de direction de l'USCAP, où figure de grandes entreprises comme GE, Alcoa et DuPont, et divers organismes non gouvernementaux. L'USCAP demande notamment au gouvernement américain d'adopter rapidement des dispositions législatives fermes visant une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Dick Evans croit que la meilleure façon d'y parvenir est d'implanter un système d'échange de droits d'émissions, avec des règles claires et uniformes partout dans le monde.

Actuellement, explique M. Evans, le problème réside dans la non concordance entre les pays des méthodes qui évaluent la réduction des polluants.

Or, pour qu'un système d'échange de droits d'émissions de polluants soit efficace, les méthodes d'évaluation des polluants doivent être uniforme. «C'est comme si les monnaies ne pouvaient être échangées entre les pays», explique-t-il.

Le président et chef de la direction d'Alcan n'a pas voulu commenter le plan du ministre John Baird, «mais aucun gouvernement dans le monde ne fait assez d'effort», dit-il.

Alcan dit avoir pis des moyens pour réduire ses polluants. Depuis 1990, l'entreprise a réduit l'intensité de ses émissions de 25 %, tout en augmentant cette production de 40 %. D'ici 2010, l'entreprise veut réduire d'un autre 10 % ses émissions équivalents-CO2 par unité de production.

Dans deux semaines, Alcan recevra la médaille d'or du World Environment Center, à Washington. Cette distinction est remise à une entreprise qui s'est démarquée en matière de développement durable à l'international.

Contrairement aux dernières années, l'assemblée annuelle s'est déroulée dans l'allégresse. L'entreprise a obtenu un bénéfice record en 2006 (5,05$US par action), grâce à une hausse de 37 % du prix de l'aluminium, entre autres, et à la croissance de la demande chinoise. Le chiffre d'affaire a atteint 23,6 milliards de dollars US.

Des félicitations du syndicat

Cette année, le projet de production de bauxite en Inde a fait moins de vagues, Alcan ayant annoncé son retrait, récemment. Même des dirigeants syndicaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont pris la peine de prendre le micro pour féliciter la direction.

«On souligne les mauvais coups, mais les bons coups aussi. J'aimerais remercier M. Evans d'avoir choisi Jonquière pour son projet», a dit Claude Patry, président du Syndicat national des employés de l'aluminium d'Arvida.

Le syndicaliste fait référence au projet de 2,1 milliards de dollars dans la région annoncé par Alcan en décembre, qui créera 740 emplois. Dans ce projet figure une usine pilote de 44 cuves avec la toute nouvelle technologie AP50 pour une production annuelle de 60 000 tonnes d'aluminium.

Claude Patry rêve d'obtenir éventuellement plus que l'usine pilote, soit une usine standard de quelque 360 cuves fonctionnant avec la technologie AP50 (environ 500 000 tonnes de production annuelle).

Jeudi, Alcan a annoncé qu'elle commençait l'ingénierie pour la construction d'une turbine haute efficacité à la centrale hydroélectrique de Shipshaw, à Saguenay. Cet investissement de 130 millions US (152 millions CAN) fait partie de l'investissement de 2,1 milliards annoncé en décembre.

En plus de la nouvelle turbine, ce méga investissement comprend l'usine pilote (550 millions US), mais également l'agrandissement de l'usine d'Alma, a indiqué hier Michel Jacques, président du groupe Métal primaire d'Alcan. Le projet en ferait passer la production de 400 000 à 590 000 tonnes.

«Shipshaw, c'est une excellente nouvelle, mais ce n'est pas le fruit du hasard. Beaucoup de travail a été fait par les employés, la direction et le gouvernement», a déclaré de son côté Pierre Simard, président du Syndicat des employés d'énergie électrique d'Alcan.

Actuellement, les employés doivent toutefois s'adapter à d'importants changements dans les méthodes de travail et les horaires, ce qui créé des remous, dit M. Patry.

Shawinigan menacée de fermeture

Les travailleurs de Shawinigan ne partageront toutefois pas l'enthousiasme des gens du Saguenay.

Leur usine (93 000 tonnes) date de 1899 et la direction d'Alcan laissait peu d'espoir, jeudi, sur ses chances de survie. Michel Jacques a même dit, jeudi, que Alcan faisait des études à l'interne pour minimiser l'impact de la cessation de l'électrolyse. «L'usine arrive à terme», dit-il.