La pire dégringolade du marché immobilier en 16 ans aux États-Unis va encore empirer.

La pire dégringolade du marché immobilier en 16 ans aux États-Unis va encore empirer.

Pas moins de 1,5 million d'Américains sont susceptibles de perdre leur maison, 100 000 travailleurs actifs dans les industries liées à l'habitation pourraient perdre leur emploi et une centaine de compagnies de prêts hypothécaires dont les clients ont un mauvais dossier de crédit risquent de faire faillite, soutiennent des agents immobiliers, des économistes, des analystes et un gouverneur de la Federal Reserve américaine (FED).

Les titres financiers pourraient aussi poursuivre leur glissade en raison des craintes liées à l'incapacité de consommateurs d'effectuer leurs paiements hypothécaires.

La saison printanière, au cours de laquelle plus de la moitié des ventes de maisons se réalisent aux États-Unis, est si décevante que la National Association of Home Builders, organisme établi à Washington, s'attend maintenant à ce que les achats reculent pour le sixième trimestre consécutif alors qu'il avait prédit une remontée il y a tout juste un mois.

«La correction durera encore une autre année», prévoit Mark Zandi, économiste en chef de Economy.com, de Moody's, à West Chester, en Pennsylvanie.

L'essor du secteur de l'habitation, qui s'est terminé l'an dernier, a fait en sorte que le nombre d'Américains propriétaires de leur maison a atteint un niveau record. Aujourd'hui, on constate de plus en plus de cas d'incapacité de rembourser, de faillites de prêteurs hypothécaires dont les clients ont un dossier de crédit douteux. En outre, le nombre de maisons invendues augmente.

Possible récession

Si cette dégringolade suit le même schéma que la dernière, en 1991, elle durera pendant encore au moins un an et elle est susceptible d'alimenter une récession.

Les ventes de maisons neuves ont chuté de 45 % de juillet 1989 à janvier 1991 et environ 1% de tous les emplois aux États-Unis, soit 1,1 million, ont disparu au cours de cette récession, précise Robert Kleinhenz, économiste en chef adjoint de la California Association of Realtors.

Dans le cas présent, les ventes de maisons neuves ont reculé de 28 % depuis septembre 2005 et elles ont atteint un creux en janvier 2007, dernier mois pour lequel on dispose de données.

Et si le taux de chômage national aux États-Unis est près d'un creux de cinq ans ce mois-ci, près de 2000 emplois liés aux hypothèques ont tout de même été supprimés durant le seul mois de janvier.

Au moins 24 des quelque 8000 prêteurs hypothécaires actifs aux États-Unis ont été contraints de fermer leurs portes ou de vendre leurs opérations depuis le début de 2006.

Ameriquest Mortgage Co., de Irvine, en Californie; Ownit Mortgage Solutions et WMC Mortgage Corp., de Woodland Hills, en Californie; Mortgage Lenders Network USA, de Middletown, au Connecticut, et Fremont General Corp. ont ensemble licencié plus de 5600 employés au cours de la dernière année.

New Century Financial Corp., deuxième compagnie américaine en importance qui accorde des prêts risqués (subprime, en anglais), a supprimé 300 emplois. Cette entreprise de Irvine, en Californie, a perdu 78 % de sa capitalisation boursière la semaine dernière et elle a cessé d'accorder de nouveaux prêts à risque, ce qui a eu pour effet d'alimenter les rumeurs qu'elle pourrait demander la protection de la loi contre ses créanciers. Ses 7000 employés qui restent se demandent si la compagnie va survivre.

La semaine dernière, Fremont General, de Brea, en Californie, un prêteur qui cherche à vendre sa division d'hypothèques résidentielles, s'est vu ordonner par le U.S. Federal Deposit Insurance Corp. de cesser de faire des prêts à risque.

Doug Duncan, économiste en chef de Mortgage Bankers Association, de Washington, a prédit en janvier dernier que plus de 100 prêteurs actifs dans le domaine immobilier pourraient faire faillite cette année.

Les prêts hypothécaires à risque sont accordés aux consommateurs dont le dossier de crédit ne leur permet pas d'avoir de prêts hypothécaires ordinaires et qui doivent payer des taux d'intérêt d'au moins deux ou trois points de pourcentage plus élevés que les taux pratiqués dans les cas des prêts moins à risque.

La portion de ces prêts plus à risque qui ont financé les nouvelles hypothèques ont grimpé à 20 % aux États-Unis l'an dernier comparativement à 5 % en 2001, selon la Mortgage Bankers Association.