Le redressement récent de l'usine d'Olymel de Vallée-Jonction a été «extrêmement difficile», mais les choses auraient pu être bien pire si l'installation de transformation porcine n'avait pas été une coopérative, a fait valoir Lucien Bouchard, mardi.

Le redressement récent de l'usine d'Olymel de Vallée-Jonction a été «extrêmement difficile», mais les choses auraient pu être bien pire si l'installation de transformation porcine n'avait pas été une coopérative, a fait valoir Lucien Bouchard, mardi.

«Il se trouve que les coopératives sont effectivement très concurrentielles et qu'elles doivent vivre sous la loi de la concurrence et prendre décisions parfois difficiles», a déclaré l'ancien premier ministre péquiste devant quelque 200 personnes réunies au Forum coopératif 2007, à Montréal.

«Dans le cas d'Olymel, le redressement ne s'est pas fait par l'expédition d'un avis de fermeture final, a-t-il noté. Le redressement s'est fait par une tentative extrêmement difficile, risquée, qui l'a exposée à la critique, de sauver des emplois, de maintenir l'usine en question et vous voyez que finalement le pari a été réussi.»

Le mois dernier, après trois votes de refus, les quelque 891 syndiqués d'Olymel à Vallée-Jonction ont finalement accepté une réduction de leur masse salariale de 30 %, ce qui permettra à la coopérative d'épargner entre 11 et 12 M$ par année.

M. Bouchard, négociateur pour l'employeur dans ce dossier, a estimé que les nouvelles conditions de travail à Vallée-Jonction n'étaient «pas abusives» et qu'elles demeuraient en fait parmi «les meilleures en Amérique du Nord» dans le secteur.

Aux yeux de l'ex-politicien, la mondialisation ne présente pas une menace pour les coopératives, fort présentes au Québec.

«Chez vous, l'intégration du couple rigueur-humanisme est un exercice quotidien», a-t-il lancé à l'assistance, composée principalement de dirigeants de coopératives québécoises.

«Vous devez composer avec la dure réalité des marchés sans sacrifier pour autant votre mission de service à la communauté.»

Toujours lucide

Lucien Bouchard n'a pas manqué de revenir sur les problèmes de fond qui, d'après lui, affligent le Québec, en admettant qu'il pouvait être «agressant» de faire un tel portrait de cette «précarité»: faible croissance démographique, insuffisance des ressources consacrées à l'éducation, évolution «incontrôlée» des coûts de santé et nombre d'heures travaillées trop bas.

«On voit combien difficile s'avère la tâche qui nous attend, a-t-il affirmé. Comment concilier les impératifs de la concurrence et le redressement des finances publiques avec la prise en considération des aspects humains?»'

Celui qui est retourné à la pratique du droit en 2001 a admis ne pas connaître toutes les solutions à ces difficultés, mais il a estimé que l'expérience des coopératives était instructive.

Faisant notamment référence aux coopératives de santé, dont le nombre est en croissance, M. Bouchard a avancé que le mouvement coopératif pourrait répondre à des besoins «que les gouvernements ne peuvent plus, à eux seuls, satisfaire».

«À plusieurs égards, les coopératives doivent faire plus et mieux pour se faire connaître à leur juste valeur, au-delà de la grande famille coopérative, car vous avez beaucoup à apporter à la réflexion sur les enjeux collectifs actuels», a-t-il suggéré.

Fondamentalement, la mondialisation «est une bonne chose», mais elle ne devrait pas être laissée à elle-même, a conclu Lucien Bouchard, en citant en exemple l'interventionnisme des Etats-Unis dans plusieurs domaines.

Le Québec compte cinq des 300 plus grandes coopératives du monde: le Mouvement Desjardins (13e), la Fédérée (93e), Agropur (138e), la Mutuelle SSQ (246e) et La Capitale (291e).