L'émirat d'Abou Dhabi va investir 7,5 G$ US dans Citigroup (C), la première banque américaine et mondiale, fragilisée par la crise des hypothèques risquées, en rachetant à terme jusqu'à 4,9% de son capital.

L'émirat d'Abou Dhabi va investir 7,5 G$ US dans Citigroup [[|ticker sym='C'|]], la première banque américaine et mondiale, fragilisée par la crise des hypothèques risquées, en rachetant à terme jusqu'à 4,9% de son capital.

L'investissement sera effectué par l'Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), le fonds d'investissement souverain d'Abou Dhabi, l'un des sept États membres des Émirats arabes unis (EAU).

Citigroup explique être parvenue à un accord avec le fonds d'Abou Dhabi pour lui vendre des titres convertibles en actions pour 7,5 G$ US, mais souligne que le fonds n'aura qu'un rôle limité.

Le fonds ADIA «a accepté de ne pas détenir plus de 4,9% des actions, et n'aura pas de droits spéciaux, ni de rôle dans la direction stratégique de Citi, ni le droit de désigner un membre du conseil d'administration», a souligné la banque.

Cette injection massive d'argent frais est bienvenue pour Citigroup, qui a été sérieusement ébranlée par la crise des crédits hypothécaires à risque et au passage limogé son président.

Après avoir annoncé des dépréciations massives de son portefeuille d'actifs, la banque a en effet destitué son PDG Charles Prince, l'une des figures de Wall Street, au début de novembre. Elle vient d'annoncer qu'elle pourrait encore devoir passer pour 11 G$ US de dépréciations.

Cette appel à la rescousse de l'émirat est une nouvelle preuve du poids financier croissant des Émirats, qui grâce à leurs recettes pétrolières gonflées par l'envolée des cours du pétrole à près de 100 dollars le baril, multiplient les investissements dans les grandes sociétés et places boursières internationales depuis quelques mois.

«Cet investissement de l'un des premiers et plus sophistiqués investisseurs mondiaux apporte des capitaux complémentaires pour permettre à Citi de poursuivre ses opportunités d'affaires afin d'étendre son activité», a déclaré Win Bischoff, PDG de la banque par intérim, qui occupe cette fonction en attendant que soit trouvé un successeur de M. Prince.

Cette décision «poursuit une série d'actions décidées ces derniers mois pour renforcer notre capital, dont la vente de certains actifs non stratégiques, l'émission de titres préférentiels et la décision annoncée précédemment d'acheter 32% du groupe japonais Nikko Cordial, payable en action», poursuit-elle.

De son côté le président du fonds d'Abou Dhabi, Sheikh Ahmed Bein Zayed Al Nahayan, a déclaré qu'il «considère Citi comme une entreprise de haute réputation dans la finance, avec une marque de premier rang et d'énormes opportunités de croissance».

Cet investissement devrait être bouclé dans les prochains jours, précise la banque.

Chaque titre acheté par le fonds émirati pourra être converti en actions ordinaires à un prix compris entre 31,83 $ US et 37,24 $ US par titre, à une date comprise entre le 15 mars 2010 et le 15 septembre 2011. L'apport d'argent sera coûteux pour la banque  : les titres vendus à l'émirat lui rapporteront d'ici là un rendement annuel fixe de 11%, payable chaque trimestre.

Citigroup, particulièrement fragilisée par l'absence de nouveau patron, a reconnu lundi qu'elle prévoyait une nouvelle vague de suppressions d'emplois, après avoir déjà réduit depuis avril ses effectifs de 5%, soit 17 000 personnes. La banque emploie 320 000 salariés dans le monde.

Son action a chuté de 30% depuis la mi-octobre et a perdu encore plus de 3% lundi, revenant autour de 30 $ US, un prix bas qui attire les prédateurs.

Plus encore que d'autres banques, Citigroup s'est brûlé les doigts sur le marché des titres adossés à des créances obligataires à risques, qui ont perdu l'essentiel de leur valeur à cause des défauts de paiements des ménages américains incapables de rembourser leurs emprunts immobiliers.

Selon sa concurrente Goldman Sachs, ses malheurs ne devraient pas s'arrêter là et Citigroup pourrait devoir procéder à 15 G$ US de dépréciations supplémentaires au cours des deux prochains trimestres.