La parole est d'argent, mais le silence est d'or, dit-on. L'adage vaut-il également pour votre curriculum vitae? C'est la question que s'est posée Suzanne, une psychologue communautaire en recherche d'emploi.

La parole est d'argent, mais le silence est d'or, dit-on. L'adage vaut-il également pour votre curriculum vitae? C'est la question que s'est posée Suzanne, une psychologue communautaire en recherche d'emploi.

Suzanne postule sur des emplois qui n'exigent qu'un baccalauréat, alors qu'elle possède un doctorat. Au début de sa recherche, elle envoyait des C.V. et précisait avoir un diplôme de troisième cycle.

«On ne m'appelait jamais en entrevue. J'ai donc décidé de ne pas mentionner le doctorat qui pouvait être considéré comme une surqualification, déclare-t-elle. J'ai alors été convoquée en entrevue.»

Lorsqu'on la questionne sur sa formation au moment de l'entretien d'embauche, Suzanne opte cependant pour la transparence. Résultat: elle est toujours sans emploi.

«J'en arrive à envisager la possibilité de taire mon diplôme, bien que je n'aime pas l'idée de manquer de franchise face à un employeur potentiel.»

Ne pas tout dire dans son C.V. ne revient pas à mentir par omission, selon Martine Lemonde, directrice des services professionnels chez Brisson Legris.

«Le C.V. n'est pas un résumé de notre vie, mais bien l'outil qui permet de décrocher une entrevue, rappelle-t-elle. Si le doctorat n'est pas exigé par l'employeur, je ne vois pas pourquoi on devrait le souligner dans le C.V.»

Mme Lemonde estime toutefois que Suzanne devrait dire la vérité sur sa formation si l'employeur l'interroge à ce sujet lors de l'entrevue.

«Mais tout est dans la manière de le dire, précise-t-elle. La personne doit expliquer les raisons qui la conduisent à postuler cet emploi. Elle doit démontrer que sa démarche professionnelle ne relève pas du hasard, mais plutôt d'une réflexion sur le type de tâches qu'elle recherche.»

En un mot, le candidat doit rassurer l'employeur, comme l'indique l'auteur du livre CV Expert, Paolo Maillette. Un conseil qui vaut également pour les trous et les taches qui peuvent se retrouver un jour ou l'autre dans son C.V.

Le congédiement, le burn-out, le changement d'emploi fréquent, le retour au travail après avoir été mère à la maison pendant quelques années, et le fait d'avoir été à l'embauche d'un employeur qui a mauvaise réputation, sont autant de renseignements qu'on souhaite garder pour soi dans le C.V., mais qu'il serait sage d'expliquer en entrevue.

Si on possède un casier judiciaire, rien ne nous oblige à le dévoiler. À moins que le délit commis soit en lien direct avec le poste visé. Une personne accusée d'agression sexuelle sur des mineurs ne pourra travailler en garderie, par exemple.

Quant aux autres situations, il est possible de les omettre ou de les contourner dans le C.V. Par exemple, on peut combler l'absence prolongée du marché du travail à l'aide d'un curriculum vitae par compétences.

Martine Lemonde conseille aux travailleurs qui changent d'emplois fréquemment d'associer plusieurs employeurs à une certaine période dans le C.V., au lieu de préciser le temps passé chez chacun d'entre eux.

«Si vous avez exécuté un contrat temporaire, mentionnez-le, recommande de son côté Paolo Maillette. Cette précision peut rassurer le recruteur.»

Bien entendu, le congédiement ne doit pas être inscrit en lettres de feu dans le C.V. Au moment de l'entrevue, la franchise est cependant de mise.

«Ça arrive à tout le monde de faire des erreurs, dit M. Maillette. Il faut alors démontrer son cheminement en expliquant ce qu'on ferait aujourd'hui dans une situation semblable.»

Mais le marché du travail étant petit, il est possible que ces impairs arrivent aux oreilles du recruteur et que le candidat ne soit pas convoqué en entrevue.

«Multipliez les stratégies et ne misez pas que sur le C.V., avertit Martine Lemonde. Passez par votre réseau de contacts. Offrez à l'employeur d'être suivi par un coach, par exemple.»

Ces tactiques sont aussi valables pour des travailleurs ayant été impliqués dans un scandale. Pour ceux qui étaient loin de la tourmente, mais dont le nom est tout de même associé à l'entreprise fautive, ne vous en faites pas.

«Les recruteurs ont la capacité de faire la part des choses, remarque M. Maillette. Il faut donc faire la différence entre l'organisation au coeur d'un scandale et ceux qui en sont les victimes par circonstances.»