Imaginez que vous avez une maison à vendre. Mais personne ne veut l'acheter, non pas qu'elle soit mal construite ou située, mais simplement parce que tout le monde dans les environs pense ce n'est pas le temps d'acheter une maison.

Imaginez que vous avez une maison à vendre. Mais personne ne veut l'acheter, non pas qu'elle soit mal construite ou située, mais simplement parce que tout le monde dans les environs pense ce n'est pas le temps d'acheter une maison.

À défaut d'acheteur, peu importe combien elle a coûté, vous ne pourrez établir sa juste valeur dans un marché inexistant.

Votre maison ressemble à l'énorme masse des papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA).

Ces outils financiers sont conçus pour des échanges à très court terme, même si les actifs qui les garantissent sont, eux, financés à plus long terme, hypothèques (ordinaires et à risque), crédit automobile, soldes de cartes de crédit, etc.

Il suffisait d'une incertitude sur la valeur d'une partie de ces prêts pour que la roue arrête de tourner. Les titres de remplacement ne trouvent plus preneurs: crise de liquidité.

Pour pousser un peu plus loin l'analogie suggérée par Louis Painchaud, de RBC Dominion Valeurs mobilières, un spéculateur vous épie peut-être pour savoir si vous êtes pressé de vendre à cause d'une dette de jeu ou d'un divorce.

Si oui, il vous offrira de l'échanger contre une poignée d'arachides si petite qu'il pourra attendre très longtemps avant de la revendre avec un énorme profit.

S'il fallait consacrer tout cet espace aux PCAA, c'est qu'on a visiblement pas fini d'en entendre parler.

La baisse des titres dans les services financiers s'est répercutée dans l'ensemble des secteurs et l'aversion au risque et le resserrement du crédit pourraient se prolonger jusqu'au début de 2008, ajoute M. Painchaud.

Surtout que le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, en parlant de menaces pour la croissance économique et de risques d'inflation, a dit le contraire de ce que les marchés voulaient entendre, selon Steve Buisson, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Aucun investisseur de Québec n'a ignoré, cette semaine, la décision de l'Industrielle Alliance de réduire son bénéfice trimestriel pour tenir compte d'une dévaluation de 15 % des 104 M$ de PCAA qu'elle détient.

La direction fait le ménage, commente M. Buisson soulignant que le résultat trimestriel de la société d'assurance a quand même été à la hauteur des attentes des analystes.

Sa décision a néanmoins incité bien des investisseurs à allumer leur calculatrice pour estimer l'impact d'une mesure comparable sur la rentabilité d'autres sociétés du secteur financier, dit Claude Auger, de la Financière Banque Nationale.

Citigroup aux États-Unis a donné le ton à la semaine avec une radiation supplémentaire pouvant atteindre les 11 milliards $.

Ajoutez à cela l'annonce hier par la CIBC d'une radiation d'actif de 300 M$ en rapport avec le marché hypothécaire et des résultats des banques canadiennes à la fin du mois deviennent de plus en plus le point de mire.

Il est encore trop tôt pour acheter Citigroup selon M. Buisson. Mais M. Auger note que le titre a fléchi de 57 à 31 $. Et «la société sera encore là dans deux ans».

Avec la devise au niveau actuel et le dividende à environ 6 %, il y regarde de très près.

Louis Painchaud rappelle que chacune des 10 corrections depuis a été suivie d'une performance supérieure. Il faut, dit-il, se distancer du bruit et garder une gestion disciplinée.

D'ailleurs, précise Steve Buisson, les résultats d'autres compagnies canadiennes comme Enbridge, WestJet ou Yamana Gold indiquent que malgré la volatilité, les données fondamentales de l'économie canadienne ne sont pas mauvaises.

Cependant, du côté américain, Claude Auger retient que le fournisseur d'équipements informatiques Cisco a laissé voir qu'il aurait la vie difficile au cours des prochains mois parce que des clients reportent leurs décisions d'investissement, ce qui pourrait aussi être relié au resserrement du crédit.