Quel est le secteur qui a eu la plus forte croissance en 2007? Ceux qui pensent que c'est le secteur pétrolier se trompent.

Quel est le secteur qui a eu la plus forte croissance en 2007? Ceux qui pensent que c'est le secteur pétrolier se trompent.

C'est l'énergie solaire et les titres qui y sont reliés directement et indirectement qui ont battu tous les records de croissance l'an dernier.

Dans notre monde assoiffé d'énergie qui a vu le baril de pétrole approcher, puis dépasser le cap des 100$ le baril, toutes les énergies renouvelables sont actuellement en forte demande.

Mais c'est le solaire qui éclipse toutes les autres formes d'énergie dite verte, même l'éolien qui est aussi en forte croissance.

Les subventions et les programmes d'encouragement qui se multiplient dans les pays industrialisés, de même que les progrès de la technologie des panneaux solaires, expliquent en grande partie cet engouement, résume l'analyste Rupert Merer, de la Financière Banque Nationale.

L'indice américain Cleantech, qui regroupe les titres des entreprises spécialisées dans les technologies vertes, a bondi de 42% en 2007, comparativement à 4,2% pour l'indice S&P 500 de la Bourse de New York et 7,2% pour le S&P/TSX.

Même la hausse de 78% du prix du pétrole brut en 2007 semble insignifiante à côté de la hausse des actions des entreprises spécialisées dans l'énergie solaire. Le titre de l'entreprise américaine First Solar, par exemple, a augmenté de 795% en 2007.

À la Bourse de Toronto, les vedettes de 2007 ne sont pas des entreprises pétrolières mais deux relativement petites entreprises du Québec, fournisseurs des matières premières nécessaires à la fabrication des panneaux photo-voltaïques qui permettent de transformer l'énergie du soleil en électricité.

Grâce à son usine de Bécancour qui produit le silicium de haute qualité utilisé par les fabricants de panneaux solaires, Timminco a vu son titre passer de 30 cents à 21,95$ en un an.

C'est que la demande de l'industrie solaire pour le silicium a causé une pénurie de ce matériau utilisé depuis plus de 30 ans par l'industrie électronique.

«Timminco est au bon endroit au bon moment», estime Rupert Merer, qui a un prix-cible de 16$ pour le titre de Timminco.

L'autre entreprise qui profite actuellement de la chaleur du soleil est 5 N Plus, qui a inscrit ses actions à la Bourse de Toronto tout juste avant Noël au prix de 3$.

En quelques séances seulement, le titre a dépassé les 8$ et il se transige actuellement à plus du double du prix d'émission.

5 N Plus, dont le nom fait référence à la pureté à 99,99999% (ou 5 neufs) des métaux qu'elle produit, est aussi un fournisseur de l'industrie solaire, dont First Solar, la vedette de la Bourse américaine en 2007.

Au cours des 10 dernières années, le marché des panneaux solaires a crû au rythme affolant de 35% par année et devrait continuer de grossir de 20% par année pendant plusieurs années, prévoient les observateurs.

L'énergie solaire coûte de moins en moins cher à domestiquer, mais son prix reste encore beaucoup plus élevé que l'électricité provenant d'autres sources.

Son prix dépend aussi des heures d'ensoleillement.

Plus il y a de soleil, moins ça coûte cher. Ainsi, à Los Angeles, ville ensoleillée s'il en est, le coût de l'électricité produite avec des panneaux solaires est estimé à 33 cents américains par kilowattheure.

C'est presque six fois plus que le prix auquel Hydro-Québec vend son électricité (à profit) aux consommateurs québécois (6 cents par kilowattheure).

Ce prix est en baisse et devrait continuer de baisser à mesure que les fabricants de panneaux solaires réussiront à réduire leurs coûts de production.

«De toutes les sources d'énergie alternatives que nous regardons, nous pensons que les plus grandes réductions de coût auront lieu dans le solaire au cours des 10 prochaines années», dit l'analyste de la Financière Banque nationale.

Cette baisse pourrait être suffisante, selon lui, pour rendre les prix de l'électricité solaire concurrentiels comparativement à ceux des autres sources de production.

En attendant, à cause de son prix élevé, l'énergie solaire est subventionnée partout, en particulier en Allemagne, le champion mondial de cette forme d'énergie avec 40% de la capacité installée, contre 30% au Japon, et 9% aux États-Unis.

Les États-Unis devraient être le principal nouveau marché de l'énergie solaire, croient la plupart des observateurs de l'industrie.

La Californie s'est donné comme objectif de se doter de 100 000 toits solaires de plus par année au cours des 10 prochaines années et le gouvernement Bush a mis de l'argent sur la table pour faire passer la production d'énergie de source solaire de 175 mégawatts à 10 000 mégawatts au cours de la prochaine décennie.

En Europe, plusieurs pays, dont l'Espagne, un pays favorisé par le soleil, ont aussi entrepris d'encourager le développement de l'industrie solaire. Le producteur québécois d'énergie renouvelable Boralex a décidé de monter dans le train du soleil.

Pour sa première expérience avec cette forme d'énergie, Boralex s'est associé à une entreprise espagnole, la Compania Electrosolar Onubense, dans un projet d'équipement de 4000 maisons solaires, soit une production de 4 mégawatts.

«C'est dans les pays où les taux d'ensoleillement sont les plus élevés que la technologie solaire va se raffiner, pour se répandre ensuite dans les pays moins ensoleillés», explique le président et chef de la direction de Boralex, Patrick Lemaire.

Pour l'entreprise qui produit de l'électricité de source hydrolique, éolienne et avec la biomasse, l'énergie éolienne est une corde de plus à son arc.

«Nous allons prendre de l'expérience en Espagne et nous servir ensuite de cette expérience ailleurs, comme nous l'avons fait pour l'éolien.»

Boralex a fait ses premières armes dans l'énergie éolienne en France, où le prix pour cette énergie est beaucoup plus élevé qu'au Canada.

En Espagne, si son projet se réalise, Boralex obtiendra près de 40 cents euros le kilowattheure pour l'énergie de source solaire. C'est beaucoup d'argent.

«C'est presque 60 cents en argent canadien», reconnaît Patrick Lemaire.