Détenant près des deux tiers du marché du développement de la photo au Québec, l'entreprise montréalaise Les Pros de la photo s'attaque maintenant au créneau des produits dérivés et des supports visuels.

Détenant près des deux tiers du marché du développement de la photo au Québec, l'entreprise montréalaise Les Pros de la photo s'attaque maintenant au créneau des produits dérivés et des supports visuels.

Que vous fassiez imprimer vos photographies en kiosque, au moyen d'une borne ou encore en ligne, elles sont probablement développées par les Pros de la photo.

C'est que l'entreprise de 200 employés détient 58% du marché québécois du développement et de la distribution de photos. Cette année seulement, son laboratoire de la rue Beaubien a tiré quelque 200 millions de clichés.

Cette manne provient de trois sources. D'abord, ses 900 bornes (975 le printemps prochain) chez Jean Coutu, Uniprix, Familiprix, Proxim, Brunet et Racine, toutes liées à son laboratoire, représentent 58% des photos numériques qu'elle imprime.

Les 42% restants sont issus des sites web d'Uniprix et de Jean Coutu, qu'utilisent les internautes afin d'envoyer leurs fichiers numériques à l'impression.

Enfin, comme la photo sur pellicule représente encore 20% du marché, l'entreprise développe annuellement 1,7 million de rouleaux dans 1200 pharmacies.

Aussi récemment qu'en 2001, ce chiffre atteignait 6,8 millions. Et il y a à peine 12 ans, 98% des photos étaient prises sur des films. Les Pros a donc dû négocier rapidement un virage technologique.

«Au début de l'ère numérique, les gens préféraient imprimer leurs photos à la maison, rappelle le président Michel Labadie. Toutefois, ils ont vite constaté que d'agir ainsi pour des dizaines, voire des centaines de photos de vacances devenait coûteux. On observe depuis un glissement vers les bornes en magasin et l'impression en ligne.»

Ainsi, selon la firme de recherche NPD Group, moins de 30% des Canadiens imprimaient des photos à la maison en juin 2007, alors que ce nombre atteignait 38% un an auparavant. Pour profiter de cette tendance lourde, Les Pros de la photo a adopté une stratégie combinant prix et qualité.

Ainsi, aux 55¢ par photo qu'il en coûte pour imprimer à la maison, elle oppose l'impression au guichet libre-service à 29¢ l'unité et celle en ligne pour un prix de 12¢ à 19¢.

Côté qualité, le vice-président Alain Garnier explique que toutes les photos sont systématiquement inspectées par des logiciels spécialisés et par intervention humaine.

«Nous éliminons les yeux rouges, les zones ombragées, les surexpositions, etc., signale-t-il. De plus, nous conservons les fichiers 30 jours après l'impression, dans l'éventualité où d'autres modifications sont exigées.»

Ce souci du détail se manifeste aussi dans la logistique mise en place aux installations des Pros. Ainsi, selon un principe de redondance, chaque pièce d'équipement (lignes de fibre optique, serveurs, ordinateurs, etc.) est doublée de façon à ce que la production se poursuive même en cas de panne ou de bris.

«Comme nous achetons notre matériel de fournisseurs étrangers, le soutien s'avère difficile, dit Alain Garnier. Par conséquent, nous avons adopté une culture de débrouillardise technique afin de pouvoir fonctionner sans aide extérieure, même la nuit et le week-end.»

Par exemple, le laboratoire est muni de deux génératrices qui, en seulement cinq secondes, fournissent l'énergie nécessaire à la poursuite des activités advenant une perte de courant.

«En 22 ans, nous n'avons jamais raté une journée de production, même pendant le verglas de 1998», ajoute Michel Labadie.

Une gamme de produits personnalisés

Selon la Photo Marketing Association (PMA), six propriétaires d'appareil numérique sur 10 impriment ou font imprimer des photos.

Toutefois, s'ils captent plus de 100 images par mois, moins de 10% de celles-ci sont imprimées. Question de faire grimper ce taux, la direction des Pros a lancé en novembre 2006 plusieurs supports qui viennent soutenir l'offre traditionnelle.

«L'archivage sur un CD, un ordinateur ou un appareil n'est pas sans risque de perte, juge Michel Lacaille, directeur du marketing. À ce besoin de protection, une tendance très forte pour des articles personnalisés s'ajoute. Par conséquent, nous proposons désormais divers objets que les consommateurs peuvent configurer à leur goût, de l'album et des calendriers jusqu'aux tasses, t-shirts et tapis de souris d'ordinateur.»

Ces produits peuvent être créés aux sections «Photo» des sites des pharmacies Uniprix et Jean Coutu.

L'un d'eux est un livre de photos de 24 à 72 pages, qualifié d'«alternative» moderne à l'album traditionnel. Pouvant contenir jusqu'à 100 images, ce produit d'imprimerie directe offset remplace l'habituelle mise en pages manuelle d'un album par le recours à un logiciel.

Celui-ci permet de personnaliser chaque page: disposition des images, choix du fond, insertion de commentaires, recadrage des clichés.

Le prix du volume s'ajuste à l'écran en fonction du nombre de pages ajoutées par l'acheteur ou selon la couverture choisie (classique, satinée ou cuir). Ce montant n'est payable que sur livraison du produit à la pharmacie sélectionnée, une semaine après sa conception en ligne.

Seulement par le bouche à oreille, 10 000 livres ont été ainsi commandés lors de la première année. On a aussi vendu 15 000 calendriers personnalisés en deux mois, un résultat que Michel Labadie souhaite tripler cette année.

Ici, le concept permet de choisir ses propres photos pour chaque mois de l'année afin d'offrir un cadeau personnalisé. On peut notamment y ajouter une photo directement sur une date particulière pour souligner un anniversaire, un mariage, etc.

Les Pros offre également un carnet de 21 x 21 cm pouvant contenir de 15 à 19 photos regroupées thématiquement (naissance, vacances, loisirs, etc.) pour donner en cadeau et partager des souvenirs communs.

Enfin, il est possible depuis quelques jours de produire des cartes de souhaits et de remerciements, un marché qui représente au Canada 700 millions de dollars selon l'entreprise.

«Les consommateurs d'ici achètent une trentaine de cartes chaque année», précise Michel Lacaille.

Celui-ci explique que ces divers articles s'adressent surtout aux femmes, lesquelles représentent 70% des utilisateurs de bornes en pharmacie et du développement en ligne.

«Ce sont généralement elles qui, dans une famille, s'occupent de tout ce qui touche les souvenirs et le patrimoine», indique-t-il.

Selon la PMA, chaque foyer canadien qui investit dans des produits photos personnalisés a consacré cette année 53$ à l'achat de livres ou album, 37$ pour des cartes personnalisées et 58$ pour des calendriers.

Ces chiffres incitent Michel Labadie à penser que les produits dérivés représenteront de 15% à 25% du chiffre d'affaires des Pros de la photo dans un horizon de trois à cinq ans.