La chute des taux d'intérêt ces dernières années n'a pas frappé seulement les épargnants et les fonds de retraite. Les communautés religieuses ont aussi été confrontées à une baisse importante de leurs revenus de placement.

La chute des taux d'intérêt ces dernières années n'a pas frappé seulement les épargnants et les fonds de retraite. Les communautés religieuses ont aussi été confrontées à une baisse importante de leurs revenus de placement.

En 1987, les taux d'intérêt des obligations canadiennes de 5 à 10 ans avoisinaient les 9%, comparativement à 6,3% en 1997 et 4% aujourd'hui. Cette situation problématique a obligé les congrégations à se tourner progressivement vers la Bourse pour suffire à leurs besoins.

«Il n'y a pas eu de crise, mais la situation a été plus cruciale pour certaines communautés», explique Daniel Sylvestre, directeur général de l'Association des trésorières et trésoriers des instituts religieux (ATTIR).

Les premiers pas vers la Bourse auraient été faits il y presque 20 ans, mais le mouvement s'est amplifié au début des années 2000. De nature conservatrice, les communautés ont encore l'essentiel de leurs avoirs dans des titres à revenus fixes, comme les obligations, mais aujourd'hui, certaines ont de 20 à 30% de leurs avoirs en Bourse.

«Les communautés suivent le cours de la société, même au niveau économique. Nous ne sommes pas des extraterrestres», a dit à La Presse Claire Houde, supérieure provinciale des Soeurs de la Providence et détentrice d'un MBA de l'Université McGill.

Pour voir à leurs affaires, la plupart ont commandé des études actuarielles à des firmes spécialisées, question de tenir compte des rentes de retraite, des revenus de placement, du patrimoine accumulé, des dépenses, etc.

En recourant à la Bourse, les communautés ont toutefois pris bien soin d'encadrer leurs investissements. Pas question d'acheter des titres d'entreprises qui fabriquent des armes ou qui font travailler des enfants.

Pour faire valoir leurs droits, ces communautés ont fondé le Regroupement pour la responsabilité sociale et l'équité (RRSE), il y a quelques années. Aujourd'hui, 33 corporations religieuses en sont membres. Ultimement, le RRSE intervient dans les assemblées d'actionnaires des entreprises en Bourse lorsque les communications directes avec la direction n'ont pas porté fruit.

Par exemple, en mars, le RRSE a appuyé une proposition qui cherchait à lier la rémunération des dirigeants de la Banque TD à des critères de durabilité, comme l'environnement, les questions sociales et la gouvernance de l'entreprise, entre autres.

La direction de la Banque demandait de rejeter cette proposition. Finalement, environ 12% de l'ensemble des actionnaires a voté en faveur, un pourcentage qui est jugé relativement élevé en démocratie actionnariale.