Déjà chef de file du microcrédit en Afghanistan, Ottawa augmente de 40 % son budget pour ce type d'aide économique qui permet aux citoyens de se lancer en affaires.

Déjà chef de file du microcrédit en Afghanistan, Ottawa augmente de 40 % son budget pour ce type d'aide économique qui permet aux citoyens de se lancer en affaires.

L'essentiel du soutien canadien spécifiquement économique à l'Afghanistan consiste dans le microcrédit, soit le consentement de petits prêts équivalant à 100 ou 150 $ CAN pour démarrer des entreprises ou acheter des terres.

Le gouvernement offrait jusqu'ici 40 M$, une somme qui passe à 56 M$, a annoncé lundi la ministre fédérale de la Coopération internationale, Josée Verner, à l'occasion d'un déjeuner de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Selon Ottawa, le choix du microcrédit distingue nettement les approches canadienne et américaine de reconstruction de l'Afghanistan.

«Les Américains ont leurs propres manières de faire, ils ne croient pas ou ne se fient pas aux institutions locales, et ils ont leurs propres contracteurs», rapporte Amjad Ali Arbab, directeur du Mécanisme de microfinancement et de soutien en Afghanistan (MISFA).

Le Canada fournit la part du lion de ce programme international de 59 M$, que financent à beaucoup plus petite échelle les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark.

«On privilégie le microcrédit parce que c'est une aide très directe, qui porte sur les emplois et les revenus», explique Stephen Wallace, vice-président de l'Agence canadienne de développement international (ACDI).

«C' est une approche franchement éprouvée dans le monde entier, qui permet à des individus démunis de prendre leur avenir en main», ajoute la ministre Verner.

Lancé au Bengladesh en 1971 par l'économiste Muhammad Yunus et sa banque Grameen, le microcrédit a eu droit à des lettres de noblesse en octobre: M. Yunus, surnommé «le banquier des pauvres», a alors reçu le Prix Nobel de la paix.

Selon Amjad Ali Arbab, l'Afghanistan est l'occasion d'un essor «sans précédent» pour cette formule de développement.

Au cours des 12 derniers mois, le nombre d'Afghans qui en profitent a presque doublé, avec plus de 10 000 nouveaux emprunteurs chaque mois, indiquent les chiffres d'Ottawa. Trois cent mille Afghans ont obtenu de petits prêts et, malgré les difficultés du pays, la vaste majorité d'entre eux rembourseraient l'argent.

Le travail de Muhammad Yunus est remis en question dans certains cercles, ses détracteurs jugeant que trop d'emprunteurs deviennent dépendants du microcrédit.

Le Canada mesure les fruits du programme au fait que ses frais d'administration sont désormais assumés à 80 % par les Afghans, alors que lors du lancement en 2003, la communauté internationale prenait 60 % de ces frais sur ses épaules.

Comment savoir si l'argent n'est pas englouti dans la corruption, notamment le trafic du pavot ? «On fait transiter les fonds par des institutions reconnues, comme la Banque mondiale», répond Josée Verner.

«Un de nos plus gros défis est de solidifier les institutions afghanes, qui ne sont pas très fortes, reconnaît Amjad Ali Arbab. Mais il y a une base entrepreneuriale très forte là-bas.»

Les 16 M$ consentis lundi font partie du programme général déjà annoncé d'aide canadienne à la reconstruction de l'Afghanistan, qui prévoit des investissements de 100 M$ d'ici 2011.