L'obligation de présenter son passeport à l'aéroport de Dorval, dès janvier, aura beaucoup moins d'impact que lorsque cette obligation englobera aussi les postes frontaliers terrestres, dans un peu plus d'un an, soit en 2008.

L'obligation de présenter son passeport à l'aéroport de Dorval, dès janvier, aura beaucoup moins d'impact que lorsque cette obligation englobera aussi les postes frontaliers terrestres, dans un peu plus d'un an, soit en 2008.

Le 8 janvier, la décision de Washington touchera uniquement les voyageurs qui utilisent l'avion et qui détiennent déjà en grand nombre leur passeport, contrairement aux visiteurs en automobile qui devront présenter ce document en 2008, a expliqué à La Presse Affaires Pierre Bellerose, vice-président à la recherche de Tourisme Montréal.

Près des deux tiers des touristes américains au Québec viennent de la Nouvelle-Angleterre et arrivent la plupart du temps par la route, plutôt que par les airs. La majorité des touristes américains au Canada utilisent d'ailleurs leur véhicule, a souligné Pierre Bellerose.

Leurs voyages sont plus spontanés dans leur cas et l'obligation du passeport inquiète donc davantage, a-t-il ajouté. En outre, 2007 ne sera pas une grosse année de congrès à Montréal, a-t-il indiqué, parce que le choix de la ville par les organisateurs américains a été fait il y a cinq ans, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, et qu'ils ont préféré ne pas sortir du pays.

La prochaine saison touristique sera plus affectée par le taux de change, le prix du pétrole et la confiance des consommateurs américains que par l'obligation de présenter le passeport, selon Pierre Bellerose.

Des études sur l'impact du passeport ne font pas moins frémir. L'étude faite par le Conference Board du Canada pour la Commission canadienne du tourisme (CCT) évalue à 1,7 milliard de dollars les pertes de revenus touristiques d'ici la fin de 2008, en raison de la baisse de sept millions du nombre de visiteurs américains. C'est pourquoi la CCT continue de faire du lobbying contre le passeport, a dit Pierre Bellerose, d'autant plus que l'impact de la mesure risque de s'accroître encore après 2008. À cause du vieillissement de la population américaine, le Québec risque de perdre en outre 1,6 million de touristes américains d'ici 2020, selon le Réseau de veille en tourisme de l'UQAM. Plus de 80% des Américains n'ont pas de passeport.

Un sondage de Zogby International montre que l'économie américaine subira aussi des pertes importantes à cause du passeport, dans les stations de ski, les clubs de pêche, les centres commerciaux.

Par contre, de nombreux Canadiens ont choisi de se plier aux nouvelles exigences américaines. Les bureaux de Passeport Canada sont d'ailleurs débordés, alors qu'on rapportait une hausse des demandes de 33% en novembre par rapport à la même période l'an dernier.