Par les temps qui courent, il y a vraiment peu d'avantage à acheter des obligations à longues échéances. Tant au Canada qu'aux États-Unis, le taux d'intérêt des obligatio ns gouvernementales de 30 ans est inférieur au taux d es bons d u Trésor de trois mois. Le monde à l'envers!

Par les temps qui courent, il y a vraiment peu d'avantage à acheter des obligations à longues échéances. Tant au Canada qu'aux États-Unis, le taux d'intérêt des obligatio ns gouvernementales de 30 ans est inférieur au taux d es bons d u Trésor de trois mois. Le monde à l'envers!

Généralement, un investisseur qui engage son argent à long terme juge son risque plus élevé et exige un taux d'intérêt supérieur.

Vaut mieux viser court... surtout si les taux remontent au cours des prochains mois, comme le prévoit Benoît Durocher, président et chef de l'exploitation d'Addenda Capital. Une des raisons : " les États-Unis ne sont plus seuls ", dit le gestionnaire d'obligations. D'autres économies lui font concurrence.

On parle beaucoup de la Chine et de l'Inde, deux marchés en forte croissance. Mais comme ces marchés font courir des risques plus élevés aux investiss eurs, ils doivent aussi leur offrir des re ndements plus élevés.

Par ailleurs, d'autres zones économiques en dormance commencent à reprendre vie. C'est le cas de l'Europe, qui en a bavé après la création de l'euro. Pour converger vers la monnaie unique, les pays ont dû réduire leur niveau d'endettement et leur déficit. Dur, dur ! Les pays semblent maintenant avoir digéré cette période de restriction.

" L'économie européenne est plus forte qu'avant. La banque centrale européenne a haussé les taux d'intérêt à quatre reprises ", note M. Durocher.

Puis, il y a le Japon, un autre ensemble économique qui renaît. Depuis une quinzaine d'années, son économie moribonde était marquée par la déflation. Avec des prix de vente sans cesse à la baisse, les consommateurs avaient tout avantage à repousser leurs achats à plus tard. Maintenant qu'une inf lation contenue se pointe le bout du nez, les consommateurs se réactivent... et l'économie redémarre.

Revenons aux États-Unis. Comme on l'a vu, les américains ne sont plus seuls. D'autres régions offrent des perspectives de croissance... et des obligations avec des taux d'intérêt relativement plus intéressants. Les États-Unis doivent se battre pour attirer le capital dont ils ont d'ailleurs fort besoin.

C'est que les Américains achètent beaucoup plus de biens de l'étranger qu'ils en vendent à l'extérieur du pays. Ils ont donc un gros déficit commercial qu'ils doivent combler en attirant des investisseurs. Facile lorsque l'économie est en pl eine forme! Or, plusieurs jugent que l'aigle américain a du plomb dans l'aile, entre autres à cause des difficultés du marché immobilier.

Alors que faire pour séduire les investisseurs étrangers, pour attirer les capitaux ? " Ils n'ont pas grands choix d'autres que d'augmenter les taux d'intérêt ", estime M. Durocher.

Pardon? Hausser les taux? Tout le monde s'entend pour dire que la Réserve fédérale américaine (Fed) a terminé sa série de 17 hausses des taux.

Mais la Fed contrôle les obligations à très court terme. Ce n'est pas de ces obligations dont parle M. Durocher. Il est plutôt question des taux sur les obligations à long terme (5, 10, 30 ans).

La hausse a déjà commencé. Depuis le début de 2006, le taux d'intérêt sur les obligations américaines 30 ans est passé de 4,54% à 4,76%, de 22 points.

Les détenteurs d'obligations n'ont pas de quoi s 'en réjouir. Si les taux montent, cela fera perdre de la valeur à leurs obligations.

S'ils ont acheté les titres à l'émission et qu'ils les conservent jusqu'au bout, ils récupéreront 100 % de leur capital. Mais s'ils veulent les vendre avant l'échéance, les acheteurs leur en donneront un peu moins... puisque d'autres obligations nouvellem ent émises porteront un taux plus élevé.

Quand les taux d'intérêt remontent, la chute de la valeur des obligations est toujours plus prononcée pour les titres à longue échéance. Une raison de plus pour viser court !

Les trois mois plus payants que les 30 ansTAUX D'INTÉRÊT OBLIGATAIRES

Échéance / Canada / États-Unis

Bons du Trésor 3 mois / 4,34% / 5,37%

2 ans / 3,91% / 4,69%

5 ans / 3,91% / 4,58%

10 ans / 4,01% / 0,05%

30 ans / 4,09% / 4,77%

Source : Addenda Capital

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