L'ex-PDG de la Banque Nationale, André Bérard, défend vigoureusement l'intégrité de Lino Saputo, dont le nom figure dans une enquête de la police italienne pour une affaire de blanchiment d'argent.

L'ex-PDG de la Banque Nationale, André Bérard, défend vigoureusement l'intégrité de Lino Saputo, dont le nom figure dans une enquête de la police italienne pour une affaire de blanchiment d'argent.

Joint au téléphone, André Bérard affirme que Lino Saputo est d'une «intégrité peu commune» et qu'il a un «parcours impeccable».

«Je connais l'homme depuis 35 ans. C'est une des personnes qui m'ont le plus marqué, de qui je suis le plus fier. Il est un exemple de la réussite d'un immigrant qui a marqué le Québec comme pas un. C'est un homme d'une extrême générosité, d'un sens des valeurs comme je n'ai pas vu souvent dans ma vie», dit M. Bérard, qui a connu M. Saputo sur le plan des affaires et comme banquier.

Mercredi, les quotidiens La Presse et The Globe and Mail rapportaient les extraits d'une enquête de la police italienne où figure le nom de Lino Saputo.

La police a capté des conversations téléphoniques d'un certain Mariano Turrisi qui mentionne à quelques reprises le nom de Lino Saputo.

La conversation porte notamment sur une transaction qui aurait permis à la famille mafieuse Rizzuto de blanchir 600 millions US. Mariano Turrisi est considéré comme un homme de paille de Vito Rizzuto.

Les reportages ont fait dégringoler le titre de Saputo en Bourse. L'action de l'entreprise a perdu 1,87$ (6,25%), clôturant à 28,05$.

Quelque 1,3 million d'actions ont changé de mains, soit environ trois fois plus qu'à l'habitude.

Autrement dit, la valeur de l'entreprise Saputo a reculé aujourd'hui d'environ 350 millions de dollars, à 5,75 milliards de dollars.

André Bérard est l'un des membres du conseil d'administration de Saputo depuis 1997. Il est aujourd'hui l'administrateur en chef de l'entreprise. Il ne veut toutefois pas parler à La Presse en tant qu'administrateur, mais comme l'ami de Lino Saputo.

Il se dit outré, renversé par les propos à son égard. «C'est un homme exceptionnel, je vous le dis. Je ne crois absolument rien de ce qui est écrit, rien. Depuis 35 ans, jamais jamais il ne s'est comporté de façon répréhensible () Si une personne du monde interlope parle d'André Bérard au téléphone à une autre personne, est-ce que ça fait de moi un paria? Il faut faire attention», dit M. Bérard, qui n'avait pas communiqué avec Lino Saputo, mercredi.



Un prétexte

Philippe Leblanc, gestionnaire de portefeuille chez Cote100, affirme que, pour les investisseurs, les articles de mercredi ont été un prétexte pour vendre le titre.

Depuis un an, le titre de Saputo [[|ticker sym='T.SAP'|]] a grimpé d'environ 50% en Bourse.

«Ce n'est pas la première fois qu'on entend des histoires de ce genre sur Saputo. Mais ça ne change pas notre opinion sur le titre. Il était légèrement surévalué et il revient à un niveau plus raisonnable», dit M. Leblanc, dont la firme est actionnaire de Saputo depuis 2000.

Il y a quelques années, dit M. Leblanc, ces rumeurs de lien entre Saputo et la mafia ont rendu certains investisseurs institutionnels réticents à acheter des actions.

«Mais à mon avis, il n'y a jamais eu rien de fondé. Et aujourd'hui, c'est une grande société ouverte, avec une grande transparence et un conseil d'administration solide», dit M. Leblanc, pour qui Saputo est un exemple du point de vue de la gouvernance.

Nous avons tenté de joindre l'ex-premier ministre du Québec Lucien Bouchard, qui est également membre du conseil d'administration de Saputo, mais sa secrétaire nous a dit que M. Bouchard ne ferait pas de commentaires.

L'ex-premier ministre du Québec travaille comme avocat chez Davies Ward Phillips & Vineberg. Il est administrateur de Saputo depuis 2004.

Précision sur Lino Saputo

Dans son numéro du 17 juillet 2008, La Presse soulignait que M. Lino Saputo avait été victime d'une histoire de blanchiment d'argent inventée par Mariano Turrisi alors que celuici a reconnu avoir utilisé le nom de M.Saputo à son insu.

Cet article reprenait la conclusion des enquêteurs italiens qui avaient alors fermé définitivement leur dossier sur les dires de M. Turrisi et dont La Presse faisait état dans son édition du 12 décembre 2007.

Dans ces reportages, nous avions pris soin d'indiquer que M. Saputo n'était pas sous enquête. Néanmoins, La Presse reconnaît que certains lecteurs ont pu avoir l'impression du contraire. Nous regrettons les inconvénients causés par cette interprétation.

C'est pourquoi nous tenons à préciser que le nom de M. Saputo n'a jamais figuré au "registre des personnes faisant l'objet d'une enquête" relativement au procès impliquant M. Turrisi. La Presse réitère donc que M. Saputo n'a pas fait l'objet d'une enquête formelle de la police italienne.