Quand vient le temps de louer un quatre et demi, mieux vaut le faire à Montréal. Des cinq plus grandes villes du pays, c'est la métropole québécoise qui a le marché locatif le plus abordable, selon une nouvelle étude de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

Quand vient le temps de louer un quatre et demi, mieux vaut le faire à Montréal. Des cinq plus grandes villes du pays, c'est la métropole québécoise qui a le marché locatif le plus abordable, selon une nouvelle étude de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

Les locataires de Toronto, Calgary, Vancouver et Halifax dépensent une plus grande part de leurs revenus pour se loger, révèle la SCHL.

«Nous avons comparé le revenu médian des ménages locataires au revenu qu'ils doivent gagner pour être en mesure de se payer un quatre et demi sans y consacrer plus de 30% de leur revenu», explique Sandra Girard, de la SCHL.

Et c'est à Montréal que le marché locatif est le plus abordable.

«Mais on note que ce chiffre diminue depuis 2001», ajoute Mme Girard.

Loin de se réjouir de cette nouvelle, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) invite les locataires à redoubler de vigilance.

«Même si on a le meilleur taux d'abordabilité, on voit que les logements sont de moins en moins abordables depuis 2001. C'est inquiétant», affirme André Trépanier, responsable des dossiers politiques au RCLALQ.

Trois mois avant que la Régie du logement ne publie les hausses de loyers consenties pour 2008, M. Trépanier craint déjà que certains propriétaires n'exagèrent.

C'est pourquoi il lancera d'ici quelques jours une campagne de sensibilisation intitulée Vous avez le droit de refuser une augmentation de loyer.

«On veut informer les locataires de leur droit de refuser. Parce que les hausses de loyer sont en général plus grandes que ce qui est recommandé», dénonce M. Trépanier.

Selon lui, la hausse moyenne des loyers a été de 4,4% à Montréal en 2007 alors que la Régie du logement recommandait qu'elle soit de 0,8%.

Et entre 2000 et 2006, le coûts des logements de deux chambres à coucher a bondi de 25% dans la région montréalaise.

«On invite les locataires à contester les abus. Les démarches de contestation fonctionnent, il suffit de les faire», dit M. Trépanier.

Pour appuyer ses propos, le RCLALQ a invité le Montréalais Mahmoud Iskaf à témoigner. Depuis six ans, ce locataire occupe un logement dans le quartier Villeray avec sa femme et ses deux enfants.

Chaque année, il doit se battre contre les hausses de loyer que veut lui imposer son propriétaire.

«En 2005, il m'a demandé une augmentation de 108$ par mois! J'ai dû contester à la Régie. Depuis que j'habite là, je conteste chaque année. C'est épuisant, mais ça marche, dit-il. Jusqu'ici, mon logement est passé de 345$ à 441$.»

La campagne de publicité hâtive de la RCLALQ choque les propriétaires d'immeubles, qui estiment être injustement accusés de mauvaise foi.

«On est en train de dire que peu importe les hausses qui seront choisies par les propriétaires en 2008, elles seront inacceptables. C'est frustrant!», dit Hans Brouillette, porte-parole de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ).

M. Brouillette comprend que certaines personnes trouvent qu'elles paient cher pour se loger.

«Mais on apprend aujourd'hui que c'est à Montréal que l'effort financier des locataires est le plus faible au Canada. Oui, les loyers augmentent, mais les revenus des locataires aussi augmentent et il faut en tenir compte», souligne-t-il.

La CORPIQ conteste aussi les chiffres présentés par les associations de locataires.

«Selon Statistique Canada, les hausses de loyers ont été de 1% par année au cours des 10 dernières années. C'est important de le dire. Parce que, dans la vraie vie, la majorité des propriétaires se contentent de faire des hausses bien minimes de loyers», précise M. Brouillette.