S'il vaut mieux gaspiller quelques minutes dans une salle d'essayage avant de choisir un jeans, imaginez quand vous achetez l'entreprise au grand complet...

S'il vaut mieux gaspiller quelques minutes dans une salle d'essayage avant de choisir un jeans, imaginez quand vous achetez l'entreprise au grand complet...

La société américaine Tarrant Apparel Group (TAG) avait pourtant hâte de mettre la main sur l'un des fleurons de l'industrie québécoise de la mode. Mais elle a fait un détour par la salle d'essayage.

Et quand est venu le temps de passer à la caisse, TAG a décidé de laisser les jeans branchés du Groupe Buffalo sur les rayons.

Le 7 décembre dernier, TAG a acquis le Groupe Buffalo. La transaction avait été évaluée à 120 M$ US, mais le prix aurait pu être révisé à la baisse selon certaines conditions.

Les deux parties avaient jusqu'à la fin du mois d'avril pour apposer leur signature au bas du contrat. Le 20 avril dernier, elles ont pris tout le monde au dépourvu en annonçant l'échec de leurs pourparlers sans autre forme d'explications.

Selon le Groupe Buffalo, le processus de vérification des livres s'est déroulé sans anicroche.

Les deux parties ne s'entendaient tout simplement pas sur la stratégie d'intégration de Buffalo Jeans à l'intérieur de TAG, qui vend ses vêtements à plusieurs grands détaillants américains dont Wal-Mart, K-Mart, Sears et J.C. Penny.

«Quand on s'est mis à parler de synergie, les deux sociétés ont préféré reculer. La décision n'a pas été basée sur des enjeux juridiques, mais bien sur des enjeux d'affaires», dit Me Geneviève Maranda, directrice des affaires juridiques du Groupe Buffalo.

«En raison d'un ensemble de facteurs, les deux sociétés ont conclu qu'il était mieux qu'elles continuent leurs opérations séparément», dit Michael Wachs, porte-parole de TAG.

La société, dont le siège social est à Los Angeles, ne tenait pas le même discours lors de l'annonce de la transaction en décembre.

«Buffalo est une marque importante au Canada. Nous croyons pouvoir assurer le développement de la marque Buffalo au Canada et aux États-Unis en ouvrant davantage de magasins. De plus, Buffalo a des liens d'affaires exceptionnels avec plusieurs acteurs importants de l'industrie du commerce au détail que nous pourrons utiliser pour nos propres produits», disait alors Gerard Guez, PDG de TAG.

La volte-face de TAG lui a coûté 2 M$ USen frais de vérification. Le Groupe Buffalo a aussi empoché 250 000 $ US des 5 M$ US déposés en garantie par TAG lors de l'annonce de la transaction.

Buffalo Jeans reste donc la propriété de la famille Bitton. Mais pour combien de temps? «Nous sommes fiers de redevenir une société canadienne, mais la porte n'est pas fermée (pour discuter avec d'autres acheteurs). Ça dépend de leurs offres et de leurs objectifs», dit Me Geneviève Maranda, du Groupe Buffalo.

Fondé en 1985 par les cinq frères Bitton - dont le designer David, d'où la marque de jeans Buffalo by David Bitton - le Groupe Buffalo vend ses jeans et ses accessoires en Amérique, en Asie et en Europe. L'entreprise compte 42 magasins au Canada, dont neuf au Québec.

Comme le Groupe Buffalo est une entreprise privée, il n'a pas à dévoiler ses résultats financiers.

Il a toutefois été contraint de le faire en décembre dernier puisque la société Tarrant Apparel Group est inscrite à la Bourse électronique NASDAQ, à New York.

En 2005, le Groupe Buffalo a généré des bénéfices avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 12,1 M$ US sur des revenus de 104 M$ US. Après les neuf premiers mois de 2006, il a généré un BAIIA de 10 M$ US sur des revenus de 75 M$ US.