C'est l'investissement fait par Desjardins chez Norbourg qui a permis au groupe de Vincent Lacroix de vraiment prendre son envol, avec la conclusion que l'on connaît depuis l'évaporation d'environ 115 M$.

C'est l'investissement fait par Desjardins chez Norbourg qui a permis au groupe de Vincent Lacroix de vraiment prendre son envol, avec la conclusion que l'on connaît depuis l'évaporation d'environ 115 M$.

Selon le juricomptable François Filion, qui a enquêté pour l'Autorité des marchés financiers et qui poursuit jeudi son témoignage lors du procès pénal de M. Lacroix, Desjardins a servi de véritable tremplin.

M. Filion a allégué devant le juge Leblond, de la Cour du Québec, qu'avant l'emprunt de 20 M$ de la filiale Desjardins Opvest à Citibank pour investir dans le fonds privé Eloria, Norbourg était un acteur «extrêmement mineur» de son milieu qui n'avait pas encore lancé ses fonds.

Le petit gestionnaire de fonds communs avait peu d'employés. Il empruntait à gauche et à droite afin de financer ses activités.

Cinq dépôts, huit retraits douteux

Quand Desjardins est arrivée dans le portrait au début de l'an 2000, la situation a changé. Suite à la signature d'une convention, Citibank allait prêter 5 M$ à Opvest et les déposer chez Northern Trust, gardien de valeurs de Norbourg.

L'argent a été déposé chez Northern Trust dès le 21 février 2000, mais a été retiré en deux transactions. Les 13 mars et 17 mai, Vincent Lacroix a fait transférer respectivement près de 4,75 M$ et 260 000 $ vers un compte de placement de Norbourg Gestion d'actifs chez le courtier TD Waterhouse.

Selon François Filion, le même stratagème a été appliqué systématiquement pour se servir généreusement à même les quatre autres montants :

- Le 29 novembre 2001, Citibank déposait 2,5 M$ chez Northern Trust. Dès le 4 décembre, Norbourg allait siphonner 2,2 M$ et renvoyer cet argent vers le compte chez TD Waterhouse.

- Le 27 décembre 2001, 2,5 M$ transitaient vers Northern Trust et 2,4 M$ étaient retirés vers TD Waterhouse le 15 janvier 2002.

- Le 29 janvier 2002, Citibank versait 2,5 M$ de plus. Deux autres retraits ont eu lieu, soit de 2,6 M$ et 250 000 $ les 5 février et 25 mars suivants.

- Enfin, 7,5 M$ étaient envoyés par Citibank le 27 juin 2003. 6 M$ ont été pris par Norbourg trois jours plus tard et un dernier retrait de 500 000 $ a été effectué le 3 juillet 2003. Ces deux sommes ont été déposées à la Caisse populaire Desjardins de La Prairie.

12,5 M$ pour des actions

En tout, 12,5 M$ ont transité vers le compte détenu par Norbourg chez TD Waterhouse même si les ententes avec Citibank limitaient le contrôle physique de l'argent à Northern Trust.

Les 12,5 M$ ont servi à transiger des actions de sociétés telles que la papetière Domtar, la pharmaceutique Biovail et la forestière Canfor.

Une fois que les actions ont été revendues - le juricomptable a noté des pertes de placement d'environ 300 000 $ - l'argent qui atterrissait de nouveau chez TD Waterhouse était réparti ailleurs dans des comptes d'opérations des sociétés Norbourg.

Au bout du compte, les employés de Norbourg ont géré un «20 M$ virtuel», selon François Filion. D'ailleurs, le compte abrité par TD Waterhouse a été fermé en 2003 après avoir été vidé.

Rappelons que plus tôt cette semaine, le témoignage de M. Filion révélait qu'à la fin de juin 2004, Desjardins a rappelé son argent. Norbourg aurait pigé 22,3 M$ dans trois fonds Evolution afin de faire un remboursement comprenant un profit fictif de 2,3 M$.