François Giroux est bien heureux du budget Flaherty. L'entreprise qu'il préside, Groupe Lacasse, est en mode investissement et tout indique que les mesures du budget fédéral permettront d'accélérer la cadence.

François Giroux est bien heureux du budget Flaherty. L'entreprise qu'il préside, Groupe Lacasse, est en mode investissement et tout indique que les mesures du budget fédéral permettront d'accélérer la cadence.

Ce fabricant de meubles de Saint-Pie de Bagot, en Montérégie, a dû affronter la tempête de la hausse du dollar et de la concurrence asiatique. Pour garder la tête hors de l'eau, il continue de moderniser ses équipements.

Mardi, le budget fédéral a instauré une mesure qui permet aux entreprises manufacturières qui investissent de payer moins d'impôts. Essentiellement, Jim Flaherty a augmenté la portion d'un investissement qui est déductible d'impôts pour les entreprises qui passent à l'action avant 2009.

Un investissement peut même être totalement passé à la dépense en trois ans, plutôt qu'en 15 ans environ, ce qui permet de réduire les revenus imposables et donc les impôts.

«On ne peut gérer son entreprise seulement avec de la fiscalité, mais ça va aider, c'est sûr», a dit M. Giroux à La Presse Affaire, au cours d'un entretien téléphonique.

Le Groupe Lacasse fera installer de nouveaux équipements de 3 millions de dollars dès le mois de mai prochain, ce qui était prévu avant le budget. Mais l'entreprise envisage maintenant de réviser son calendrier des prochains investissements, à la lumière des mesures fédérales. Plutôt que d'étaler les prochains investissements sur trois ans, il pourrait être question de 18 mois.

Lacasse fait installer des équipements à contrôle numérique, ce qui permet de fabriquer les meubles de bureau à moindre coût et de «faire presque du sur mesure en continu», explique M. Giroux, dont l'entreprise fête ses 50 ans.

«Nous sommes très convaincus que c'est ici qu'il faut continuer la fabrication, où se situe l'expertise. Si nous rendons nos produits difficiles à copier, nous repousserons la concurrence asiatique», dit le président de Lacasse, qui compte 900 employés (650 au Québec) et a un chiffre d'affaires de 140 millions US.

François Giroux n'est pas le seul à saluer cette mesure fédérale. Diane Bellemare, vice-présidente du Conseil du patronat du Québec, est convaincue de son efficacité.

Aux États-Unis, explique-t-elle, la déduction accélérée a été adoptée par Bush dans son premier mandat pour stimuler l'investissement privé. «Ils ont obtenu tout un rendement. Cet engagement a d'ailleurs été reconduit depuis», dit-elle.

Diane Bellemare plaide donc pour que cette mesure fédérale temporaire devienne permanente. Même requête de Jean-Michel Laurin, vice-président des Manufacturiers et exportateurs du Québec.

Cette demande de déduction accélérée permanente était d'ailleurs l'une des cinq suggestions faites à Jim Flaherty avant le budget par la Coalition des manufacturiers du Canada.

Comme le président de Lacasse, M. Laurin fait tout de même remarquer que la variable fiscale n'est qu'une des composantes d'un investissement. «Il faut que l'entreprise constate une croissance de ses marchés, qu'elle ait des acheteurs nombreux pour ses produits», dit-il.

N'empêche, les mesures fédérales devraient faire réfléchir, surtout lorsque combinées à celles récemment annoncées par le gouvernement du Québec.

Dans son récent budget, le ministre Michel Audet a adopté un congé de taxe sur le capital pour les entreprises manufacturières qui investissent. Ce congé passe de 5 % de l'investissement à 10 %.

Prenons l'exemple d'un investissement en machinerie de 500 000 $. À Québec, la mesure permet de réduire les impôts de quelque 25 000 $. Au fédéral, la déduction accélérée procure un avantage, en valeur actuelle, de quelque 12 000 $ pour cet investissement de 500 000 $. Économie totale: 37 000 $. Ces estimations ont été réalisées par Stéphane Leblanc, de Ernst & Young, et La Presse Affaires.

Ce n'est pas tout. Dans son budget, Ottawa a significativement majoré la déduction pour amortissement dans le cas des nouveaux immeubles manufacturiers. Le taux de la déduction passe de 4 à 10 %. Ce changement permet à une entreprise qui investit par exemple 500 000 $ dans un nouvel immeuble d'économiser 21 500 $ en valeur actuelle. Cette somme s'ajoute aux économies réalisées sur les équipements.

Le Québec s'est également engagé à réduire sa taxe sur le capital et le fédéral encourage les provinces à l'éliminer complètement. En somme, les gouvernements concentrent leurs efforts sur l'investissement. Reste aux entreprises à agir.